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Circulation(s) 2016 : Entretien avec Alexander Krack

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Voici l’entretien entre Alexander Krack et Sophie Bernard, dans le cadre de notre couverture du festival Circulation(s). La série « The Treatment » est un document sur les personnes fréquentant les villes thermales allemandes, pour leur santé ou par loisir. De nombreuses villes proposent des centres spécialisés dans le traitement de maladies chroniques telles que l’asthme ou les rhumatismes. Alexander Krack a cherché à retranscrire ce microcosme.

Son travail commence quand surgit le souvenir de ces étés de sa jeunesse passés dans les stations montagnardes à soigner une bronchite chronique. Sa mémoire mêle les images d’une nature merveilleuse à d’étranges machines médicales et des personnes âgées en manteaux blancs. Ces souvenirs, esthétiques et émotionnels, articulent l’ambivalence qui oppose la beauté de la nature extérieure à la stérilité de l’intérieur de la clinique.

Pourquoi êtes-vous devenu photographe ?
Il n’y a pas un moment précis où j’ai décidé, en toute conscience, de devenir photographe. Je ne suis même pas sûr que je me qualifierais moi-même de photographe. Pourquoi la photographie ? C’est une question de souhait de vouloir comprendre un peu plus le monde. La photographie est un moyen pour y parvenir.

Avez-vous déjà publié un livre, reçu un prix, exposé ?
J’ai auto-publié un livre à 100 exemplaires à partir de mon projet de diplôme et j’ai eu la chance d’exposer mon dernier projet dans plusieurs festivals, comme par exemple Voies Off à Arles, Fotobiennal à Malmö (Suède) et C.A.R. à Essen (Allemagne). Mon travail a également été primé à deux reprises.

Comment avez-vous connu le festival Circulation(s) ? Qu’en attendez-vous ?
J’ai entendu parler du festival aux Rencontres d’Arles cet été. La liste des précédents participants m’a impressionné. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’envoyer ma candidature. Je suis très excité à l’idée d’exposer dans une ville comme Paris, surtout dans un événement comme celui-là, qui mêle les travaux de différents participants. J’espère que les échanges et les contacts seront fructueux.

Vivez-vous de la photographie ? Avez-vous une autre activité à côté ?
Comme je suis diplômé depuis à peine plus d’un an, cette question est un peu prématurée. Après avoir travaillé dans différents domaines avant d’étudier la photographie, j’ai décidé de suivre mon instinct. Le plus important pour moi est d’avoir une totale liberté de création lorsque je photographie. J’essaye d’être indépendant financièrement pour conserver cette liberté. Si cela signifie parfois faire autre chose que de la photographie pour gagner ma vie, je suis prêt à le faire.

Pouvez-vous nous décrire le propos de votre série et nous expliquer pourquoi vous avez décidé de la faire ?
Alors que je faisais des recherches pour un autre projet, je me suis retrouvé dans un petit hôtel dans une ville thermale allemande. En me promenant dans le parc – comme il y en a dans toutes les villes thermales -, j’ai vu une peinture dans une vitrine éclairée par le soleil du soir. En prenant la photo, j’ai immédiatement senti qu’il y avait plus et cela a aiguisé mon intérêt. Je crois que j’aime l’idée de créer des associations sans pour autant en saisir vraiment le sens. Cette peinture a été comme un déclencheur. Elle est le point de départ de cette série qui porte sur l’ambiance des villes thermales qui constituent un microcosme singulier. C’est avec ce projet que j’ai passé mon diplôme, même s’il n’est pas directement lié à ma pratique antérieure. Toutefois, le thème de la nature et la manière dont l’homme dialogue avec elle et les éléments sont récurrents dans mon travail.

Quelle a été l’étape préparatoire à la série ?
J’ai fait un travail de recherche en amont et mis en place la logistique nécessaire. Sur le terrain, il a fallu que je demande l’autorisation pour photographier mais rien de ce que je montre n’est mis en scène. Pour faire ce projet, je me suis rendu dans plus de 30 villes thermales à travers l’Allemagne. Je ne cherche pas à en donner un point de vue objectif. Depuis le départ, je vois cette série comme une expérience immersive. C’est tout à la fois narratif et esthétique.

Quels sont vos maîtres ou vos références dans la photographie et dans l’histoire de l’art ?
Lorsque j’étais enfant, je regardais souvent les livres de photo de mon père. La plupart d’entre eux portaient sur la nouvelle photographie couleur des années 70 : Stephen Shore, Joel Sternfeld mais aussi William Eggleston. Si je me replonge dans ces souvenirs, je peux dire que ces livres ont changé la manière dont je regarde les photos. Certains de ces travaux continuent sans doute à m’influencer aujourd’hui. Particulièrement ceux de Joel Sternfeld qui fait partie de mes artistes préférés.

Pensez-vous que la photographie, ou une photographie, peut changer le monde ?
Dans le domaine scientifique on a l’habitude de distinguer la condition nécessaire et la condition suffisante. Je pense que les images sont nécessaires pour changer le monde mais elles ne sont certainement pas une condition suffisante, comme nous pouvons le vérifier tous les jours. Selon moi, l’apprentissage de l’esthétique devrait faire partie de l’éducation que tout un chacun doit recevoir. Et nous avons assurément besoin d’images fortes dans le monde actuel qui en est surchargé.

En quoi la photographie a-t-elle changé votre point de vue sur le monde ?
La photographie fait partie du monde et par conséquent, je ne fais pas cette séparation. Je pense que la photographie peut inciter à voir le monde de différentes manières mais, en même temps, tout est déjà là.

FESTIVAL
Festival Circulation(s) – Jeune Photographie Européenne
Du 26 mars au 26 juin 2016
CENTQUATRE
5 rue Curial
75019 Paris
France
Fermé le lundi
Plein tarif : 5 euros
Tarif réduit : 3/2 euros
Les expositions en plein air sont libres d’accès ainsi que Little Circulation(s)
Catalogue
Editions 2016, 22 euros
http://www.festival-circulations.com
http://www.alexanderkrack.com

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