Essai par Chris Rainier
Depuis quarante ans, je parcours le monde en tant que photographe à la recherche de sites et de paysages sacrés. Dans cette poursuite, je me suis toujours demandé ce que signifie vraiment le sacré dans un monde rempli de religions différentes, d’identités uniques, d’une myriade de poursuites culturelles, de consommation, de consumérisme et d’un matérialisme toujours croissant et écrasant.
Le monde, tel que je l’ai découvert au cours de toutes mes années de voyages, n’est pas monolithique. Au contraire, toutes les cultures naissent de multiples manières d’être, de penser, de voir et de définir ce qui est sacré. J’ai voyagé et exploré pour essayer de comprendre ces différentes façons de regarder notre monde remarquable et de découvrir ce qui est sacré pour moi.
En tant que photographe, je regarde le monde avec une lentille particulière : la lentille du médium visuel. Ma vie s’est déroulée dans le but de célébrer et d’explorer les merveilles du monde, qu’elles soient naturelles ou créées par l’homme. J’éprouve autant de joie à être émerveillé par l’immensité du Grand Canyon dans le sud-ouest américain qu’à me tenir devant les anciennes ruines d’Al Ula dans le désert saoudien. Toutes les choses naturelles et artificielles sont reliées par un fil sacré et primordial qui s’entrelacent pour constituer le tout complexe et magnifique qu’est notre planète Terre.
Ma vie a été et reste consacrée à l’enregistrement et à la célébration de ces merveilles sur film comme des rappels du passé aux générations futures encore à naître – comme des cartes postales vers l’avenir. Avec la pression du tsunami de la modernité qui balaie la planète et notre présence humaine et notre impact toujours plus grands, je ressens un besoin urgent de documenter et d’aider à sauver les écosystèmes fragiles qui ont survécu pendant des milliers de générations et qui sont maintenant sous une telle pression. . Nous changeons la planète rapidement et au-delà de toute connaissance – et si nous ne faisons pas attention, cela pourrait entraîner notre propre disparition.
Ma carrière a commencé avec les enseignements et la tutelle du célèbre photographe paysagiste Ansel Adams. J’ai été son dernier assistant, il m’a appris l’importance d’utiliser la photographie comme un outil social pour le bien. Ses photographies dans toute leur beauté artistique témoignent du besoin urgent de préserver et de protéger les dernières zones de véritable nature sauvage dans le paysage nord-américain. J’ai pris à cœur sa sagesse et son dévouement, et j’ai essayé de les appliquer à ma mission dans la vie. La population humaine mondiale a presque doublé depuis mon travail avec Ansel dans les années 1980, et il est devenu très clair qu’il reste très peu d’endroits intacts et inchangés sur la planète. Ma mission sera toujours de photographier les derniers « sauvages », les lieux véritablement sacrés qui subsistent.
Une photographie construit des ponts entre les cultures. Une photographie partage les questions importantes du voyage. Une photographie transmet les messages complexes et importants de l’humanité. Une photographie peut nous changer, vous et moi, et peut changer le monde.
Chris Rainier
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