(2/5) Pendant toute la durée de l’exposition qui a lieu au Jeu de Paume à Paris avec l’exceptionnelle collection Walther léguée au Moma, L’Œil de la Photographie se penche sur un chef d’œuvre en particulier. Aujourd’hui, vertige annoncé.
Il n’est pas si ancien, à bien y songer. Le parachute a tout juste un peu plus d’un siècle à ce moment-là. Le premier saut d’un humain a eu lieu en 1797 avec André-Jacques Garnerin depuis un ballon dirigeable situé à 915 mètres d’altitude au-dessus de Paris. Sa femme et sa nièce deviendront peu de temps après les deux premières aérostières de l’histoire, montrant que le saut avec des ficelles et une toile n’est vraiment pas réservé à la gent masculine.
Revenons au photographe du cliché, Willi Ruge. En 1931, après la Première Guerre mondiale, aussi la première guerre avec l’usage de l’aviation militaire, il s’amuse à composer de drôles d’autoportraits en parachute. Celui-ci est sans doute le plus poétique, faisant croire à un montage ou à une composition du peintre Magritte, où, sans voir qu’il y a un parachute, nous pourrions croire qu’un homme marche sur le monde comme s’il était devenu un géant en bottines contemplant de ridicules constructions.
Dans la multitude d’expérimentations qui émergent dans le domaine de la photographie durant la première partie du XXe siècle, il fallait tout de même y penser. Même si la « vue d’en haut » apparaît peu à peu dans les arts (voir à ce sujet l’exposition du Centre Pompidou Metz il y a quelques années), peu commode devait être cette prise de vue. Elle en est d’autant plus remarquable et donne un sentiment de liberté, l’humain devenant Icare pour quelques instants, les pieds libérés du sol, sans forcément pressentir que, dans quelques années, ils seront nombreux, comme lui, à tomber du ciel ainsi dans l’orage de la Seconde Guerre mondiale.
Jean-Baptiste Gauvin
Chefs-d’oeuvre photographiques du MoMA La collection Thomas Walther
Du 14 septembre 2021 au 13 février 2022
Jeu de Paume
1, place de la Concorde
75001 Paris
