La photographie a une place importante dans la programmation de Chaumont-sur-Loire, premier centre d’arts et de nature qui ne cesse d’élargir son offre et de valoriser ses fondamentaux. Pour 2015 sous la thématique de l’arbre et en écho à la prochaine Conférence mondiale sur le climat, les photographes de renommée internationale invités répondent à ces questionnements à travers les regards engagés et saisissants qu’ils posent sur notre monde façonné par l’homme.
Un jeu dangereux et paradoxal que le japonais Naoya Hatakeyama (Kimura Ihei Memorial Photography Award) transcende dans les séries « A Bird » et « Undergroud/Water »où il est question du séisme de mars 2011 et des vestiges de sa ville natale dans des investigations spectaculaires (explosions de carrières à ciel ouvert) ou plus souterraines (rivières du sous sol de Tokyo primées par le Mainichi Award of Art).
Chez le pilote et photographe américain Alex MacLean (prix de Rome du Paysagisme de l’Académie américaine de Rome) il est donné à voir ces interstices invisibles à l’oeil nu d’une destruction programmée de la nature et de ses systèmes mouvants sans limite. Une démarche qui rejoint celle du canadien d’origine ukrainienne Edward Burtynsky (lauréat de nombreux prix et Officier de l’Ordre du Canada) dont les « épiphanies »(projets majeurs Water et Oil) proches du sublimes cachent des dévastations irréversibles.
Avec Melik Ohanian (Lion d’Or pour le pavillon arménien de la Biennale de Venise) l’installation »Stuttering » ou bégaiement de l’image, extrait de l’exposition du Crac de Sète en 2014, instille le doute et un déplacement de focal chez le spectateur face à ces images prises dans les jardins botaniques de Palerme qu’il est impossible de fixer. Comme un engrenage poétique, une géographie d’intuitions et de réminiscences qui nous laisse impuissants dans notre rapport au monde. Ce n’est pas un hasard s’il choisit comme observatoire privilégié au début de sa pratique une île apparue au large de l’Islande à la suite d’une éruption volcanique sous-marine et depuis mise sous tutelle de la communauté scientifique internationale.
Le français Xavier Zimmermann (pensionnaire à la Villa Médicis en 1993) a relevé le défi de la « canopée », strate supérieure de la forêt qui détient 80% du feuillage des arbres, à l’aide d’une nacelle à 30 mètres du sol ou à ras de terre « paysages ordinaires », nous obligeant à contempler des détails souvent perdus dans l’image. Des fragments qui naissent de ce jeu de contrastes comme autant de zones fragiles et éphémères.
Une nécessaire contemplation induite par le geste du peintre sous-jacente également chez Jean-Christophe Ballot (Paris, exposition personnelle à la Maison Européenne de la photographie et au Louvre) dont la série « Australie » prise dans des sites ancestraux écrit une calligraphie élégante de ces paysages inviolés.
Autant d’images puissantes d’un instant suspendu où tout peut encore basculer.
FESTIVAL
Festival Photographie Domaine de Chaumont-sur-Loire
jusqu’au 1er novembre 2015
Domaine de Chaumont-sur-Loire
41150 Chaumont-sur-Loire
France
http://www.domaine-chaumont.fr
