Le 104 accueille le festival Circulation(s) pendant trois mois, le rendez-vous attendu de la jeune photographie européenne. Au programme, des expositions, un séminaire, des studios photo, un salon du livre, des lectures de portfolio… et hors les murs : dans le métro parisien et gare de l’Est… A cette occasion, L’Œil de la Photographie vous propose de remporter 20 entrées gratuites*.
Chaque semaine, et tout au long de la durée du festival, L’Oeil de la Photographie, publiera un entretien réalisé par Sophie Bernard avec un photographe exposé à Circulation(s). Aujourd’hui pour l’inauguration de la manifestation, nous vous proposons un entretien avec Marion Hislen, fondatrice de l’association Fetart et du festival.
Quels sont les grands axes de cette 6e édition de Circulation(s) qui se tient au 104 pour la troisième fois ?
51 artistes sont réunis avec un gros focus sur l’Espagne qui s’est fait naturellement. A commencer parce que notre marraine, agnès b., a choisi de présenter le collectif-école espagnol Blank Paper et que les artistes invités en résidence, Borja Larrondo et Diego Sanchez, sont également espagnols. Ces derniers ont travaillé sur la Cité des 4000 à La Courneuve pour faire un parallèle avec un quartier situé dans la banlieue madrilène. Au final, cette édition 2016 donne un aperçu assez riche de la création photographique contemporaine espagnole.
Circulation(s) 2016, c’est aussi une programmation établie à partir d’un appel à candidature de jeunes photographes qui sont, après une présélection établie par l’association Fetart, choisis par un jury… Combien d’artistes ont été sélectionnés par ce biais ?
Environ une vingtaine. Sans le vouloir, la présélection a été plus restrictive que les années précédentes. Sur environ 1000 candidatures, Fetart a retenu une soixantaine de dossiers alors que d’habitude nous en présélectionnons environ 150. Cela vient des candidatures elles-mêmes, bien sûr, mais aussi du fait que, instinctivement, nous avons choisi de ne retenir qu’un seul dossier lorsque, par exemple, un même sujet était traité par plusieurs photographes.
Et comme d’habitude, le jury était composé de 10 personnalités du secteur de la photographie ?
Oui, nous tenons à ce mode de fonctionnement qui nous est propre parce que cela nous ressemble… C’est assez atypique, mais pourquoi s’imposer des contraintes finalement ? Un “grand” jury a ses avantages : cela évite qu’une personne prenne le lead et impose ses choix… De plus, il ne s’agit pas de choisir un dossier mais une vingtaine, donc cela permet à chaque membre de défendre ses préférés, de gérer ses priorités… Cela évite les choix dogmatiques également.
Quelles tendances se dégagent de cette édition 2016 ?
On se détache de plus en plus de la photo purement esthétique et anecdotique. Je constate que la jeune génération qui se dit plasticienne traite de plus en plus les sujets de société avec une vision moins frontale que les photojournalistes évidemment. Elle observe et analyse mais n’est pas militante pour autant. Cela dit, il m’est difficile de porter un jugement avant l’accrochage…
Car en effet nombre de projets ne seront pas présentés sous forme de tirage…
Il y aura notamment une installation de Tom Stayte qui a développé un logiciel permettant d’imprimer en temps réel des selfies circulant sur les réseaux sociaux. Cette exposition sera donc évolutive et jouera à terme sur l’accumulation des petits tirages qui devraient finir par former un tas impressionnant… Les travaux des artistes en résidence seront également présentés sous la forme d’une installation ; il y aura des gifs animés et, côté scénographie, nous utilisons différents types de supports comme le papier peint…
Le visuel de l’affiche choisi cette année est-il représentatif de la photographie que vous défendez ?
C’est un ovni dans tous les sens du terme ! Nous avons fait ce choix avant tout parce que l’image interpelle. C’est la fonction première d’une affiche… Et il faut dire qu’on sortait du “13 novembre” quand on l’a choisie… On avait envie et besoin de rire… En tout cas, cette image est caractéristique de notre particularité qui est de mettre en avant des sujets un peu “girly” et légers. Je crois à ce genre de projet et je continuerai à en exposer car notre rôle, en tant que festival, est aussi de s’adresser au plus grand nombre… De plus, ce genre de travail n’est pas dénué de fond : à sa manière Brice Krummenacker et sa série « La vie ordinaire de Robert l’Extraterrestre » posent une réflexion sur le monde d’aujourd’hui où chacun se crée des doubles ou des avatars pour s’exprimer sur les réseaux sociaux… C’est un vrai sujet de société.
Circulation(s), ce sont aussi des rendez-vous attendus comme Little Circulations initié l’année dernière…
En effet, on reprend ce principe de l’exposition à hauteur d’enfant associée à un livret-jeu. En guise de prolongement, nous lançons des jeux (des memory) avec des images de photographes ayant participé à Circulation(s). Nous reconduisons également les Jeeps (Journées européennes des écoles de photographie) avec une nouveauté : la présence de lecteurs de portfolio étrangers grâce à des partenariats avec des ambassades et instituts culturels. Autre nouveau rendez-vous : un salon du livre regroupant des éditeurs photo indépendants distribués par Pollen réunis en association : le Photobook Social Club créé récemment, et un séminaire de trois jours avec des intervenants de marque comme Xavier Canonne, François Cheval ou encore Arno Gisinger…
Nouveauté, dans un registre grand public, vous ouvrez chaque week-end un studio photo.
En passant d’une durée de six semaines à trois mois, nous avons ressenti la nécessité de faire vivre la manifestation pendant cette longue période à travers des événements réguliers. Ainsi est née l’idée de ce rendez-vous récurrent. Ce qui change chaque week-end, c’est le photographe qui arrive avec sa façon de faire, sa patte, son décor, etc. Nous avons choisi d’assumer le risque financier. Le prix de vente des portraits (59 euros) devrait couvrir les frais engagés : le photographe, son assistant, le décor, etc.
Ces portraits sont donc payants ainsi que l’entrée pour accéder à la manifestation (5 euros), ce qui est nouveau. Etes-vous en quête d’un nouveau modèle économique ? Est-ce la clé pour pérenniser la manifestation ?
Nous sommes un festival indépendant. Le projet “tient” parce qu’il n’y a pas de salariés. Et si depuis six ans le succès est au rendez-vous, la précarité reste de mise. On arrive au bout d’un système : on parvient à se professionnaliser via une logique commerciale ou on arrête. En tout cas, c’est ma dernière année en tant que bénévole. Un projet d’une telle envergure ne peut perdurer sans salariés… Avec la billetterie et les jeux, nous espérons générer des recettes pour changer de mode de fonctionnement. Cette année, nous allons expérimenter également avec l’ouverture d’un bureau de ventes des artistes exposés. L’idée est de représenter les photographes qu’on expose. Comme une galerie, nous allons faire l’intermédiaire entre les artistes et le public qui pourra acheter un tirage. Pour ce faire, nous ouvrons un site, Galerie circulation(s). C’est assez logique parce que représenter les artistes, c’est aussi les aider. C’est surtout une nécessité pour rendre le festival viable sur le long terme.
*Pour participer, il vous suffit d’envoyer un email à [email protected], les 20 premiers lecteurs remporteront une invitation pour le Festival Circulation(s).
FESTIVAL
Festival Circulation(s) – Jeune Photographie Européeene
Du 26 mars au 26 juin 2016
CENTQUATRE
5 rue Curial
75019 Paris
France
Fermé le lundi
Plein tarif : 5 euros
Tarif réduit : 3/2 euros
Les expositions en plein air sont libres d’accès ainsi que Little Circulation(s)
Catalogue
Editions 2016, 22 euros