Il y a quelques années à American Photo, j’ai reçu un portfolio de Celia A. Shapiro : 12 images de plateaux repas. Le texte qui les accompagnait expliquait qu’ils étaient la reproduction exacte des derniers repas des serial killers condamnés à mort avant leur exécution. Celia A. Shapiro est une photographe totalement méconnue, la série « The Last Supper » est volée et plagiée, elle ne protesta jamais, elle s’en fout. Elle n’a ni agent, ni galerie et jamais la moindre exposition ne lui fut consacrée. Elle vit entre NY et le Brésil, poursuivant son chemin intérieur que vous comprendrez mieux en lisant son texte.
Jean-Jacques Naudet
Elle me bourrait le dos de coups de poings. Je me tournai et la frappai d’un direct du droit à la mâchoire. Elle tomba sur l’asphalte du terrain du jeu avec du sang qui coulait de sa lèvre et cria : « Je déteste les juifs ! »
Quand les fourmis pénétraient la zone où nous jouions aux osselets, j’insistais pour que nous déplacions notre partie plutôt que de les écraser. J’étais une petite fille extrêmement douce. Et puis un jour dans l’aire de jeu, quelqu’un tira les cheveux de Carla par derrière. Je me tenais dos à elle et quand elle se tourna elle pensa que c’était moi et voulut me donner des coups de poings dans le dos. En un instant je me retournais. Mon bras droit jaillit d’un coup et s’écrasa en un solide punch sur sa joue. Je la vis tomber en arrière sur le sol. Elle resta là immobile, du sang couvrant ses lèvres. Je venais juste d’assommer une camarade de classe sans même m’en rendre compte et mon coup l’avait même fait saigner. Comment j’avais pu faire ça… et pourquoi ?
Lire l’intégralité du texte de Celia A. Shapiro dans la version anglaise du Journal.
Embedded est une série composée de 6 recherches photographiques sur la violence humaine