La troisième édition des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie (Québec, Canada) est terminée. L’idée de ces rencontres proposées sur un territoire de plus de 1000km et situé à 12 heures de route de Montréal est né… à Arles! Rencontre avec l’organisateur Claude Goulet.
Entre les ombres du large, les cailloux polis par la mer et le bleu du ciel, la Gaspésie est une immense péninsule du Québec où se tiennent depuis trois ans, au beau milieu des courtes chaleurs de l’été, des Rencontres internationales de la photographie. Le maître de cet événement singulier, Claude Goulet, parcourt durant des semaines la route sinueuse qui longe la côte afin de veiller aux différentes expositions et conférences que livrent une trentaine de photographes de haut niveau invités pour l’occasion, dont quelques vedettes, par exemples Larry Towell de Magnum ou Edward Burtynsky.
L’idée de ces Rencontres a germé à Arles. « À Arles, explique Claude Goulet, j’ai fait la connaissance de Jean-Daniel Berclaz, du Musée du Point de Vue. Depuis 1997, Berclaz organise un événement photo construit autour du paysage. Des photographes y présentent leur travail sur le lieu même où ils l’ont réalisé. » Dans ce musée sans domicile fixe, Berclaz interroge les lieux autant que la photographie. Il s’adapte aux endroits où il installe des œuvres, tout en interrogeant ces lieux de cette manière.
Cette approche, Claude Goulet a voulu l’adapter à ce vaste territoire ouvert sur la mer où, depuis plus d’un siècle, les artistes se retrouvent pour profiter d’un isolement qui, «sur cette côte de la Gaspésie, aujourd’hui, est aussi inespéré et aussi grand qu’il se puisse», comme l’écrivait André Breton qui y séjourna et en rapporta un livre, Arcanes 17. Que ce soit à l’intérieur, dans des galeries et des lieux industriels désaffectés, ou à l’extérieur, devant l’immensité de la mer ou le long de bâtiments, Glaude Goulet a relevé le pari de faire de la Gaspésie un Nouveau Monde pour la photographie.
Jean-François Nadeau, directeur des pages culturelles du journal Le Devoir à Montréal.