“Ces filles ? Leurs courbes évoquent l’infini ; leur regard traverse l’image pour vous atteindre. Leurs corps cireux ramènent l’image vers un siècle moins synthétique. Artificielles ?
Les corps sont cadrés, incrustés et enfermés dans la photographie. Piégés dans des espaces limités : pris dans un bloc de roche, sur un promontoire, au haut d’une corniche. Impossible de s’échapper. Les corps finissent leur route ici : des natures mortes cherchant à imiter les formes humaines. Dans un brouillard d’orange, de vert, de jaune ou de bleu – tout fait surface et évoque les couleurs des maîtres anciens.
Autre chose : ces images sont bruyantes. Le bruit, un mot impropre que le silence illumine, nourrit le noir et blanc pour créer des tirages argentiques plus riches. Ces images égoïstes se figent, s’écartant d’un fil narratif. Mais elles prennent tout ce qu’elles peuvent du présent : les bizarreries urbaines, les errances du regard contemporain, et les fragments d’un luxe ostentatoire disparu. Ces images, elles volent tout : des vestiges de films français oubliés, des fragments de Garrel, des bribes de Rivette – mais il n’y a pas d’amour fou, seulement une distance imposée. Sont-elles des images trouvées ? Elles ne s’inscrivent pas dans leur temps, parce qu’elles se lovent sur elles-mêmes – en ville, dans la nature, en studio, dans des intérieurs abandonnés. Elles deviennent une nouvelle forme de daguerréotype. Nous avons besoin du passé pour progresser.
Lumineuses comme des plumes, rondes comme des poitrines, ces images sont voluptueuses, directes, elles absorbent tout ce qu’elles peuvent. Une phrase d’Henri Michaux les décrit parfaitement : « Dans la brume tiède d’une haleine de jeune fille, j’ai pris place… »
Fabrice Paineau
Née à Paris en 1977, Camille a commencé la photo alors qu’elle assistait au magazine Purple. Après des études aux Beaux-arts de Grenoble et à la Saint Martins de Londres, elle se consacre entièrement à son medium et travaille à la fois dans le champ de l’art et celui de la mode. En 1998, elle gagne le prix photo du XIIème Festival de Hyères, en 2002 elle obtient une bourse de la Villa Médicis hors-les-murs. Elle a contribué à différents magazines : Double, Numéro, Grey, Another, I-D, Dazed&Confused, Mixte, Purple, Crystallized, Ten, Self service…et a collaboré avec des marques ou des créateurs comme Stella MacCartney, Isabel Marant, Loewe, Cartier… Elle a exposé son travail en France, dans différentes galeries et institutions comme la Fondation EDF/espace Electra (« Le voyage intérieur »), la Galerie 213, Galerie Kamel Mennour, à la Maison européenne de la photographie (« Enquête d’identité »), au CAPC de Bordeaux (« Jean-Luc Blanc/Opéra rock »), lors des rencontres d’Arles ainsi qu’à l’étranger. Elle a réalisé des films pour le site « Showstudio », pour Maison Martin Margiela, Gabrielle Greiss. Ce qui intéresse Camille est l’idée d’étrangeté, de l’artifice, du rapport à l’objet, à travers des mises en scènes, des compositions et un travail sur la lumière. La référence au sujet classique tel que le nu ou la nature morte et plus récemment au paysage, mais aussi à la littérature, au cinéma et à la série B, au personnage féminin dans tous ces genres confondus.
12Mail, l’espace de création et d’exposition conçu par Red Bull France clôt sa troisième année d’existence en accueillant la première exposition personnelle de Camille Vivier, une photographe française dont l’univers singulier a déjà séduit des magazines internationaux tels que Visionaire, Purple, Zoo ou Another Magazine.
« Qu’elles soient issues d’un travail personnel ou répondant à une commande, les photographies de Camille Vivier montrent bien plus que de simples créatures à la beauté glacée. Ces images ne sont jamais gratuites, elles ont une âme, elles nous regardent et nous questionnent. »
« Veronesi Rose » Camille Vivier
20 pages – 23 x 34 cm
Première édition de 500 exemplaires signés
€20 – £16 – $26