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Camille Millerand: Le japon, pays d’immigration ?

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« Le Japonais veut que tu l’incarnes. Il veut que tu penses japonais, manges japonais, parles japonais… Si tu ne fais pas ça, on va te rejeter, tu vas souffrir », confie Ibrahim Diarra, Malien de 60 ans rencontré à un carrefour de Shin-Okubo, quartier de la capitale japonaise, construit autour de commerçants coréens. Voilà dix ans qu’il vit à Tokyo. Ils sont aujourd’hui près de deux millions à partager avec Ibrahim Diarra le statut de résidents étrangers au Japon. Environ 2% de la population totale. La majorité d’entre eux sont Chinois, Coréens, Brésiliens et Philippins.
L’État japonais a pendant longtemps refusé une immigration peu ou pas qualifiée. C’est au milieu des années 1980 que le boom économique et la réforme de la loi sur la reconnaissance du statut de réfugié vont contribuer à l’ouverture de la société nippone aux flux migratoires. Aujourd’hui, demandeurs d’asiles, réfugiés, travailleurs étrangers et sans-papiers sont là, même s’ils sont pratiquement invisibles dans les rues de Tokyo. Ils vivent en effet en périphérie des grandes villes industrielles, travaillent dans des usines, comme ouvriers sur des chantiers ou dans le secteur informel.
Même si la question de l’immigration n’occupe pas l’espace médiatique et politique comme en Europe, elle interroge voire reste taboue. Depuis une vingtaine d’années, des mouvements nationalistes et racistes, encore marginaux, manifestent et protestent contre « l’ouverture » des frontières de l’archipel. Le mouvement xénophobe Zatokukai lutte ainsi principalement contre la présence de la communauté coréenne. Heureusement, des associations d’aide aux migrants existent. En témoigne la forte mobilisation de Kalabaw-no-kai et de ses militants en faveur des travailleurs étrangers et de la reconnaissance de leurs droits humains.
En mai 2013, j’ai sillonné pendant dix jours les rues de Tokyo, à la rencontre de migrants installés dans la capitale depuis plusieurs années.

 

Camille Millerand s’est formé pendant 3 années au sein de l’agence OEil Public en tant étalonneur numérique. Il devient photographe indépendant en 2007. Depuis, il collabore régulièrement avec la presse française (Le Monde, Marianne, Jeune Afrique, Télérama…) et développe ces projets personnels. Lauréat en 2009, du premier prix Envie d’Agir dans la catégorie “Image”, il travaille pendant 4 ans sur La jeunesse et ses déboires entre l’Algérie, la Roumanie, la Côte d’Ivoire et l’Est de la France. Il choisit des moments où l’Histoire fait un bond: entrée de la Roumanie dans l’Union européenne, élection présidentielle en Côte-d’Ivoire, manifestations de rues à Bab el Oued… À chaque voyage, il souhaite « raconter des histoires tirées de la vie réelle », saisir de la jeunesse les changements qui s’opèrent dans la société en photographiant leur vie quotidienne. Parallèlement, il co-réalise depuis 2010 avec deux autres photographes (Thierry Caron et Stéphane Doulé) un webdocumentaire intitulé Les Pieds Dans La France.

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