Le selfie (ou égoportrait) est une pratique de plus en plus courante. Elle est majoritairement destinée à être publiée sur les réseaux sociaux.
La série « HIDE TO SHOW BETTER » de Bruno Fontana s’annonce comme ces pratiques. Elle atteste de la présence d’une famille devant des lieux symbolisant le Vietnam. Mais une étoile jaune masque les visages.
Cette série d’autoportrait ne relève pourtant pas du selfie. Car l’appareil photo posé sur un trépied permet un cadrage rigoureux du lieu, qui devient alors plus important que les personnes photographiées. Cette mise en retrait est renforcée par la présence, devant les visages, d’une étoile jaune, important symbole de l’unité au Vietnam. Si bien que les personnes photographiées deviennent anonymes. On ne distingue plus que leur posture, qui semble être la même à chaque cliché. Comme pour exprimer une neutralité face au lieu.
Au milieu des personnes s’auto-photographiant, l’acte de cette famille relève aussi de la performance.
Les « selfistes » deviennent spectateurs. Le protocole de prise de vue interroge les gens. Ils ne traversent pas le cadre. Des sourires apparaissent, et parfois, certains se photographient avec la famille en arrière plan. Le but est atteint.
Contre tout attente, ce processus d’autoportrait semble daté, remplacé par la perche à smartphone et la connexion directe aux réseaux sociaux.
Mais dans l’excès de visibilité, cette étoile interroge, n’a-t-elle pas la fonction de cacher pour mieux montrer ?
