BredaPhoto a stimulé dès le départ les jeunes talents dans le cadre du « Programme International des Talents » (ITP). Cette année, les commissaires d’exposition ont mis au défi 400 étudiants de 6 pays (Pays-Bas, Belgique, Allemagne, République tchèque, Hongrie et Finlande) pour travailler sur le thème général « Le meilleur des temps, le pire des temps ». Une brochure pleines de références vers les évolutions sociales, cultureles, économiques et éthiques les a confrontés aux défis du monde. Au final, 10 projets ont été sélectionnés pour être présentés au grand public: une opportunité spéciale pour les talents émergents.
Les jeunes photographes viennent peut-être de toute l’Europe, mais les thèmes qu’ils traitent montrent une remarquable unité: ils visualisent les problématiques caractéristiques de leur environnement et de leur communauté.
Prévisible est le thème du passage à l’âge adulte, les adolescents abandonnent lentement la vie de famille, ils se remémorent le passé, ils laissent de vieux amis derrière eux et rencontrent de nouvelles personnes, ils expérimentent et découvrent leur sensualité et leur sexualité, ils se demandent ce que l’avenir leur apportera, ils sortent de leur environnement familier pour entrer dans un nouveau monde. On retrouve cela chez Sam ten Thij (1994, HKU Utrecht), Zoe Sluis (1998, St Joost Breda), Kincső Bede, Jonas vander Haegen & Seppe Vancraywinkel (voir ci-dessous)
Mais aussi on retrouve un engagement chez eux – notamment en ce qui concerne notre cadre de vie. Le réchauffement climatique, que faisons-nous avec les fuites de déchets nucléaires ou le dialogue silencieux avec les animaux peuvent être vus chez Elias Kaus (LAB Lahti Finlande), Alexander Rossa (1986, FAMU Prague) et Mateo Ancis (voir ci-dessous). Max Ernst Stockburger 1988 souligne à nouveau les conséquences de la course aux armements (voir ci-dessous)
Renée Paule (1998, KASK Anvers) joue avec la façon dont nous nous présentons. Nous insistons sur notre individualité, mais nous nous identifions tout aussi facilement à un groupe ou nous quittons nos identités pour enfiler un uniforme.
Jonas vander Haegen (1996, KASK Gent) se rend au Japon pour « Love, Fuck & Pray », où il s’immerge dans la communauté LGBTQIAP + de Tokyo et Osaka. Historiquement, l’homosexualité est plus facilement acceptée au Japon, et il y a aussi une culte BDSM. Et pourtant, au Japon aujourd’hui, le corps masculin et la sexualité masculine sont en train d’être minorisés. vander Haegen se lance dans une exploration visuelle: parfois ses sujets ne sont que des modèles, parfois ce sont des rendez-vous. En tant que spectateur, vous devez deviner le contexte: parfois c’est une rencontre amoureuse, parfois une collision sexuelle, parfois il dépeint un inconnu.
L’histoire de Seppe Vancraywinkel (1998, LUCA St Lukas Bruxelles) est une ode à une amitié insouciante. Il sort du monde des soucis quotidiens et se perd avec ses amis. Ils se déplacent en dehors du temps défini: est-ce aujourd’hui ou il y a 100 ans ? Ils se cachent dans un espace arcadien, loin des autres, loin des obligations. Vancraywinkel réussit à visualiser cette vie simple et à évoquer des souvenirs en chacun de nous.
Max Ernst Stockburger (1988, UAS Bielefeld) a rassemblé 70 000 images sur la préparation, l’attaque et les conséquences des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Le projet est à la fois documentaire et conceptuel, engagé comme contemplatif, complété comme «en cours» – il contient donc de nombreuses contradictions et possibilités d’interprétation. Stockburger en est lui-même responsable: il y a au moins trois façons de voir son projet :
- Une contemplation sur la course aux armements et l’utilisation des armes de destruction massive ;
- Une réflexion critique sur la «perception»;
- En fin de compte une considération sur la «vérité» Certainement un auteur qui mérite d’être
Kincső Bede (1995, Moholy-Nagy Budapest) est né en Roumanie juste après la chute du rideau de fer, où le fantôme du régime oppressif de Ceausescu est toujours très présent. Pour les personnes âgées, la pénurie, la faim et la peur étaient le lot quotidien, les jeunes par contre veulent vivre une vie insouciante et construire une nouvelle société. Elle dépeint le conflit des générations avec des photos humoristiques, aliénantes ou carrément surréalistes de son milieu de vie et de son cercle d’amis.
Comme pour Norfolk & Thymann, la projection « Ghiacciaio di Planponteux » de Mateo Ancis (1998, NARAFI Bruxelles) traite de la question du climat. Ancis opte pour un concept simple, mais à cause de cela, son projet transmet son message de manière très forte.