Rachel Marsden et la ARTicle Gallery de Birmingham ont uni leurs forces afin d’organiser une rare exposition mettant en parallèle les travaux de jeunes artistes chinois et anglais. Ces quelques 17 artistes rassemblés pour la première fois ont exploré les notions de temporalité et de transitoire, en particulier dans l’environnement des grandes métropoles contemporaines. A travers ce regroupement d’œuvres disparates, à première vue étroitement associées à leur lieu de création, l’événement tente en réalité de donner à voir un phénomène international.
Rachel Marsden, jeune commissaire d’exposition active à la fois en Chine (notamment à Shanghai) et au Royaume Uni, a passé les cinq dernières années à rechercher la fine fleur de la scène artistique chinoise et anglaise. Parcourant les expositions et les studios, son œil a repéré les talents les plus étonnants et les plus prometteurs de la nouvelle génération.
The Temporary est une exposition complète, proposant un large panorama d’œuvres, allant de la vidéo à la musique, de la performance à l’installation, du graphisme et design à la photographie. L’entrée en matière est pour le moins d’envergure. Dès le premier mur, nous faisons face à l’œuvre gigantesque et hypnotisante de Lu Xinjian : une toile convertie en papier peint arborant une dense grille de symboles évoquant l’ADN voire l’essence chaotique de la ville. Des casques et des bancs spécialement designés pour l’occasion (par Li-En Yeung and Tom Vousden) permettent de se plonger dans l’univers musical de divers musiciens (Aka Hige, WordySoulspeak, Eyebrow, Paul Manasseh, et Thruoutin entre autres).
La photographie occupe une place fondamentale dans l’exposition puisque la quasi totalité du reste de l’espace lui est dédié. Des artistes chinois comme Fan Shi San, Li Hui, Mengxi Zhang, Xiaoxiao Xu, et Xie Jiankun rencontrent leurs homologues européens, tels les jumeaux Anthony et Phillip Reed, Peter Dixie, Daniels Langeberg, ou encore Liz Hingley. La scénographie place les photographies côté à côte, formant une mosaïque aux délimitations flexibles, et engageant les œuvres dans un dialogue visuel captivant. De ce fait, l’accrochage suscite davantage une contemplation d’ensemble, chaque photographe déployant tous ses atours pour mieux questionner leur conception du temps, de l’espace, et du transitoire dans la ville.
Toutefois, trois artistes ont particulièrement attiré mon attention. Tout d’abord Li Hui, cette jeune photographe autodidacte nous plonge dans un univers très personnel et sensible, où le corps se dissimule plus qu’il ne se révèle au gré des effets de couleurs, d’ombre et de lumière. Ses photographies témoignent d’une étonnante assurance pour une artiste pratiquant la photographie depuis seulement 2009. Ensuite Peter Dixie : ce photographe spécialisé en représentation d’architecture dévoile sa série Hinterland, dans laquelle il donne un visage aux zones périphériques de Shanghai, des lieux qu’il appelle « paysages de possibilité ». Pour finir, les frères Reed fascinent par leurs paysages urbains aux identités incertaines, sommes-nous à Londres ou à Jinan ? Anthony et Phillip (voir interview de Phillip Reed dans l’édition de L’Œil du 9 janvier 2014) brouillent les frontières et frappent par leur composition précise, leur élégance, et leur qualité éthérée.
The Temporary propose donc une expérience qui interpelle tous nos sens. Rare personne connaissant sur le bout des doigts la jeune création chinoise et anglaise, Rachel Marsden réussit avec éclat une exposition où la notion de transculturalité prend tout son sens.
Exposition
The Temporary
Jusqu’au 4 avril 2014
ARTicle Gallery, the School of Art, Birmingham City University
Margaret Street
Birmingham, B3 3BX
Royaume Uni
[email protected]
Horaires : Lundi au Jeudi 10h – 18h ; Vendredi 10h – 17h