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Bigaignon – Hors-les-murs : Catherine Balet : Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes

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Dans sa série « Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes », présentée du 13 mai au 15 juillet à La Maison du Regard au Havre, l’artiste Catherine Balet rend hommage aux grands Maîtres de la photographie en revisitant 176 ans de son histoire. Avec son charismatique interprète aux chaussures dorées, Ricardo Martinez Paz, Catherine Balet a revisité 130 images iconiques afin de mieux comprendre les tendances de la photographie d’aujourd’hui et de demain.

Cet hommage prend ses racines dans une réflexion plus fondamentale sur le sens de la représentation de soi et le désir de retranscrire une réalité contemporaine en créant des correspondances avec les œuvres du passé, toujours dans le respect de l’auteur, et ainsi interroger dans sa globalité la notion de mémoire. Quelle est la place de la mémoire quand l’évolution foudroyante de la technologie numérique et la suprématie de la photographie au smartphone bouleversent la notion du temps ? Cette sensation de profusion et de frustration invite à réfléchir sur la durée de vie de l’image contemporaine et sur la nature de la force des photographies qui ont traversé le temps.

La série « Looking for the Masters in Ricardo’s Golden Shoes » commence par un hommage au premier autoportrait, réalisé par Robert Cornélius en 1839 et se termine avec les dernières tendances photographiques contemporaines.

L’approche anthropologique de Catherine Balet, la rigueur et la précision dont elle fait preuve, tout comme la tendresse et l’humour qui se dégagent de ce travail, font de cet ensemble un must absolu pour tout amateur de photographie.

« En 2009, par une belle journée d’été, j’ai été inspirée par une scène: mon ami Ricardo était attablé devant un petit pain et portait, ce jour-là, un t-shirt rayé. La référence à un célèbre portrait de Picasso réalisé par Robert Doisneau s’imposait. Par la ressemblance de Ricardo à Picasso et par sa composition, la scène était troublante. Cette vision frappa mon esprit.

Plus tard, en juillet 2013, lors du festival des Rencontres d’Arles, je retrouvais Ricardo au petit déjeuner. Il portait son fameux t-shirt. Je le mis en scène, deux croissants devant lui et captais le moment à l’aide de mon iPad. La recherche des Masters fut un jeu dans un premier temps. Notre parcours durant ce festival devint alors l’objet de reconstitutions photographiques, rendant hommage aux auteurs des expositions visitées. Leur publication sur la page Facebook de Ricardo suscita un tel engouement que cette première initiative pris pour moi la forme d’une interrogation fondamentale sur le sens de la représentation de soi, puisée dans la réalité des autres, et sur l’appropriation à grande échelle des images via Internet.

Ce qui avait commencé comme un jeu s’imposa très vite comme un projet de plus grande envergure s’inscrivant dans la suite logique de ma démarche artistique : celle de retranscrire une réalité contemporaine en créant des correspondances avec les oeuvres du passé et ainsi interroger la notion de mémoire. Quelle est sa place quand l’évolution foudroyante de la technologie numérique et la suprématie de la photographie au smartphone bouleversent le temps ? À l’heure où la circulation de l’image s’est accélérée, celle-ci n’est plus qu’illusion d’image, reproductible à l’infini jusqu’à perdre toute trace de sa source. Cette sensation de profusion et de frustration invitait à réfléchir sur la durée de vie de l’image quelque part entre le fugitif et l’intemporel, entre le visionnage immodéré et l’archivage aléatoire. Cela éveilla chez moi le désir de réfléchir à ce qui rend une photographie iconique et d’interroger son essence.

Car dans un trop plein de pixels, l’heure est à la fascination pour les tirages « vintages ». Peut-être reflète-t-elle simplement le questionnement d’un moment face à la révolution numérique et traduit-t- elle l’incertitude sur l’avenir de la photographie. Cette interrogation m’a amenée à élargir mon projet à l’évolution contemporaine du médium. Il est clair que le sentiment de nostalgie est aujourd’hui au centre des préoccupations et engendre une tendance à la ré-appropriation de vieilles images – on brode, on taillade et on gratte le papier jusqu’à en faire disparaitre l’identité.

Pour réaliser cette série, j’ai moi-même pris le défi d’utiliser le vaste et fascinant répertoire qu’offrent les technologies avancées de traitement d’image. J’ai cherché obstinément à traduire la nature du grain, la carnation de la peau et la substance des tirages originaux afin de recréer la justesse de l’émulsion du film, vecteur d’émotion.

Malgré ces nombreuses questions, j’ai surtout été habitée par un désir d’explorer la force et la beauté des photographies iconiques et celui de rendre hommage à leurs auteurs. Les incarner par la complicité artistique de mon ami Ricardo, être généreux à la peau lumineuse, qui porte des chaussures dorées. Ces chaussures dorées parcourent 176 ans d’histoire de la photographie. Elles incarnent, symboliquement, la mystérieuse alchimie photographique qui a figé sur le papier la lumière et les émotions afin de les rendre à jamais inaltérables. »

Par Catherine Balet

  

La Maison du Regard
Résidence le Blason
9 rue Dumé d’Aplemont
76600 Le Havre
Accès rue Bougainville
www.maisonduregard.fr

www.bigaignon.fr

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