A l’occasion de la Biennale Internationale de Photographie d’Ostende, la Galerie Papillon ouvre ses portes à deux photographes de renom avec, à première vue, des travaux très différents : une apporte la photographie conceptuelle, l’autre défend une approche plus documentaire ; une parle de la fragilité des relations humaines, l’autre photographe questionne la guerre robotique. Et puis, en regardant de plus près, on découvre de nombreuses similitudes : tous deux abordent le thème qu’ils ont choisi de manière unique et inspirante, tous deux incitent à la réflexion, tous deux optent pour une approche plus symbolique. Comme tel, ils s’accordent parfaitement avec les peintres ostendais Ensor & Spilliaert. Mais ils s’inscrivent aussi parfaitement dans le thème du festival, (In)Quiétude – le malaise que nous ressentons parfois face à des relations en mouvement, le malaise de l’incertitude latente, le malaise généré par une menace cachée, en d’autres termes, l’inquiétude de l’existence humaine.
Avec Margaret Lansink et Tomas van Houtryve, nous complétons la belle offre du festival de la photo d’Ostende: les deux photographes ont déjà reçu plusieurs prix prestigieux.
Margaret Lansink – « Borders of Nothingness » & « On the Mend » en coproduction avec la Galerie Ibasho Anvers
Dans le flux infini de tout, les gens vont et viennent dans nos vies. Alors que la présence de certains peut être si subtile que nous avons du mal à percevoir quand elle commence ou se termine, avec d’autres, c’est beaucoup plus clair : ils entrent, ou partent, avec fracas.
Dans sa délicate et puissante série d’images en noir et blanc, la photographe néerlandaise Margaret Lansink (1961) s’attarde sur l’état émotionnel de transition entre la connaissance et l’ignorance de l’Autre. En réaction à la décision de sa fille de suspendre le contact avec elle, Lansink utilise la caméra pour ressentir le sentiment de la rupture d’un lien. Elle photographie des paysages et des femmes nues, souvent rendus mystérieux ou presque illisibles, semblant demander : est-ce le moment où tu es partie ?
« Borders of Nothingness » soulève de lourdes questions sur la présence et l’absence d’autrui dans nos vies, en engageant notre sentiment de perte ainsi que le miracle quotidien de faire la connaissance d’un autre.
Au fil du temps, Lansink et sa fille se sont réconnectées pour voir si leur rupture pouvait être réparée. Lansink a ensuite commencé à revisiter et à réinterpréter « Borders of Nothingness » dans une pratique physique qui reflétait leurs efforts de guérison émotionnelle dans sa série « On the Mend ». S’inspirant de la pratique japonaise qui consiste à réparer des céramiques avec des feuilles d’or, elle combine ses images, coupe et répare leurs ruptures avec des feuilles d’or pour exprimer l’espoir à la possibilité d’un lien qui est plus fort et plus beau parce qu’il a été brisé.
(paroles de Katherine Oktober Matthews, fév. 2018 & 2019)
Tomas van Houtryve – Blue Sky Days (Quand le ciel est bleu)
En octobre 2012, une frappe de drone dans le nord-est du Pakistan a tué une femme de 67 ans alors qu’elle ramassait des okras devant sa maison. Un an plus tard, son petit-fils de 13 ans, Zubair Rehmann, confie à l’occasion d’une conférence tenue à Washington DC « Je n’aime plus quand le ciel est bleu… Je préfère quand le ciel est gris. Les drones ne volent pas quand le ciel est gris. »
Tomas van Houtryve (1975) décide de voyager à travers les Etats-Unis avec un appareil attaché à un petit drone. Son but : photographier en Amérique différentes situations qui, au Pakistan et au Yémen, sont prises pour cibles par les attaques de drones américains – mariages, funérailles, prières collectives, entrainements sportifs… Ces images à hauteur de drone questionnent la société́ de surveillance, l’intimité et la guerre.
Margaret Lansink et Tomas van Houtryve exposeront ensemble à la Galerie Papillon, Marie Joséplein/Madridstraat 2 Ostende du vendredi 10 septembre au dimanche 24 octobre. John Devos est le commissaire de l’exposition et l’exposition avec Margaret Lansink est une coproduction avec la galerie Ibasho Anvers. Le vernissage aura lieu le vendredi 10 septembre à 19h, en présence des artistes (si Corona le permet bien sûr). Ensuite, l’exposition sera ouverte du mercredi au dimanche, de 14 à 18 heures, et sur rendez-vous.
L’exposition à Papillon se déroule parallèlement avec la Biennale Internationale de la Photographie d’Ostende, où les commissaires Stephane Verheye & Yvon Poncelet ont choisi « le thème caché (In)Quiétude » et ont ainsi sélectionné 30 photographes qui exposent sur treize lieux. Avec l’offre de Papillon, il y a plus de 32 raisons pour les amateurs de photographie de venir à Ostende !