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Biennale de Lyon : Mohamed Bourouissa, The Hood

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Dans cette XIIIème Biennale de Lyon, intitulée « La vie Moderne », la photographie est présente à travers quelques créations, même en filigrane. Comme dans cette installation spécialement créée pour l’occasion par l’artiste Mohamed Bourouissa, réunissant des éléments de carrosserie automobile imprimés de traces photographiques, qui occupe une partie de l’étage en mezzanine de la Sucrière, l’un des trois lieux emblématiques de la Biennale, avec le Mac Lyon et le Musée des Confluences (sans compter les lieux extérieurs associés).

Le Commissaire de la Biennale, Ralph Rugoff, Directeur de la Hayward Gallery, à Londres, déclare avoir voulu interroger le caractère contradictoire de la vie contemporaine dans différentes régions du monde : « La vie moderne s’attache à montrer en quoi la culture contemporaine est aussi le résultat et la réponse aux événements et traditions du passé. Même lorsque les  artistes de l’exposition explorent des situations et des images d’aujourd’hui, ils creusent aussi dans le passé. Leur œuvre montre de toute évidence une vraie sensibilité aux liens entre un certain nombre de moments historiques et le présent, et nous place souvent face aux relations inattendues qui peuvent en surgir. La relation que nous entretenons avec la temporalité fait partie du concept même d’une biennale. »
Mohamed Bourouissa a ainsi passé une partie de l’année 2014 (9 mois très exactement) en résidence dans le quartier de Northwest à Philadelphie (USA), partageant le quotidien d’une communauté équestre, sorte de club de cavaliers des rues afro-américains, montant leurs chevaux au milieu des voitures, se la jouant cow-boys dans un environnement urbain d’aujourd’hui….

Mohamed Bourouissa avait l’envie de faire cohabiter deux mondes totalement distincts, voire contradictoires : associer ces « riders » de Fletcher Street à des artistes, pour un concours fictif. Après des mois de préparation, lors d’un « Horse Day », une journée de compétition organisée spécialement pour l’occasion, ils ont dû revêtir leurs habits de parade, customisés par les étudiants de l’école des Beaux-Arts de la ville et concourir pour une remise de trophées sculptés par l’artiste.

Durant plusieurs mois, il a donc photographié la communauté équestre de ce quartier nord de Philadelphie : de banales scènes de rues, des cavaliers sur leurs montures, des chevaux, quelques paysages urbains fantomatiques… De retour en France, il met en place un procédé expérimental de tirage argentique au sein de son atelier de Genevilliers pour développer en noir et blanc ses négatifs directement sur la surface d’éléments de carrosserie. Ces éléments métalliques sont accrochés aux murs de l’espace, comme un gigantesque éclaté d’automobile, puzzle d’ailes, de capots, et autres panneaux de portières, écorché de cet objet technique désormais au centre de notre civilisation, prolongement de notre corps, pile à la place naguère occupée par le cheval. Les œuvres touchent ainsi à deux symboles de la culture américaine : les chevaux et les voitures.

Les clichés semblent disparaître sur la tôle aux couleurs variées, comme s’effaçant, se refusant au regard, semblable à des traces d’un monde révolu, dans lequel le cheval occupait une position centrale comme force motrice, puissance de déplacement et de faire-valoir. C’est pourtant bien le quotidien terriblement actuel d’une communauté se raccrochant difficilement à l’American Way of Life que dépeint Bourouissa : “Je n’ai pas pour ambition de me faire le porte-parole de la société, mais de parler de la réalité telle qu’elle nous apparaît : fragmentée. Ce reflet de la ville et de ses habitants sur les voitures qui m’a inspiré à Philadelphie, j’ai ressenti le besoin de le déstructurer et de le recomposer en découpant les carrosseries et mes images, pour rendre compte de cette fragmentation du monde.”

Mohamed Bourouissa, né à Blida (Algérie) en 1978, vivant et travaillant en France, manie avec dextérité cet art du déplacement et de la recomposition, en opérant des translations entre mondes opposés, des carambolages entre différents pans de vérité, créant ici l’illusion de fragments de la vie urbaine à Northwest, Philadelphie, qui se reflèteraient sur les véhicules bordant les rues.

Depuis 2002, il développe une pratique de la photographie plasticienne mais aussi du dessin et de la vidéo qu’il ancre profondément dans la réalité sociale. Œuvrant essentiellement autour de représentations d’un univers urbain contemporain, l’artiste s’intéresse à des espaces géographiques et sociétaux habituellement figurés par l’intermédiaire de poncifs : les banlieues (Périphérique, 2005-2008), la prison (Temps mort, 2009), la télévision (la série Ecran, 2007).

EVENEMENT
XIIIème Biennale de Lyon
« La Vie moderne »
Du 10 septembre 2015 au 3 janvier 2016
La Sucrière
47-49 Quai Rambaud
69002 Lyon
France
http://www.lasucriere-lyon.com
http://www.biennaledelyon.com

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