Un jour vers la fin des années 70, une jeune femme vint à Photo montrer ses images ; des stripteaseuses dans des baraques ambulantes du boulevard de Clichy. Elle fut publiée le numéro suivant ; c’était Bettina Rheims. Elle a un sens de l’érotisme, de la sensualité et de la sexualité qui n’appartient qu’à elle. Une exposition à la Maison Européenne de la Photographie et un livre chez Taschen lui sont consacrés. Allez voir l’exposition; elle est étonnante et ne tombez pas dans le piège des critiques parisiennes se voulant assassines. Vouloir comparer Bettina, Bourdin et Newton est photographiquement ridicule. Quant aux reproches faits à Jean-Luc Monterosso sur sa programmation, Jean-Luc, quand allez vous leur répondre « je vous emmerde » ?
Nous avons demandé à 3 de ses proches un court texte : Serge Bramly, son complice de toujours et premier mari, Jed Root son agent et Gilles Bensimon dont elle fut l’assistante.
« Chacune de ces photos de Bettina est liée à un souvenir, à un plaisir, à un désir concrétisé. J’aimerai les dérouler sur mes murs, telles les fresques d’une chapelle privée. Elles ont quelque chose de vénitien — d’un Titien qui aurait connu le cinéma de Buñuel et de Bergman. Ce sont des amies dont on ne se lasse pas, qui rappellent à l’ordre (quand il le faut) et font rêver. Qui nourrissent les fantasmes qu’elles suscitent. Avec qui l’on peut dialoguer avec profit. Qui peuvent vous accompagner jusqu’au bout. Si j’étais Charles Quint et que je décidais d’abdiquer, ce seraient elles dont je voudrais peupler la pénombre de l’ermitage où je me retirerais. »
– Serge Bramly
« Glacées et brûlantes images,
à fleur de peau, ni pudiques ou impudiques,
Mais terriblement addictives,
En dire plus serrait littérature,
Regardons les… »
– Gilles Bensimon
« Bettina Rheims n’est pas lesbienne.
Je me suis étonné au fil des ans d’entendre tant de gens faire cette affirmation alors qu’ils connaissaient son œuvre sans l’avoir jamais rencontrée. Interpellé, j’ai observé ses travaux d’un œil neuf, et sans doute de plus près. Et j’ai fini par comprendre qu’elle maîtrise un langage visuel tout à fait unique pour évoquer les désirs d’une femme ainsi que ses opinions et son regard sur elle-même. Elle fait preuve d’une force et d’une assurance sans concession, dénuées toutefois de la moindre trace de masculinité.
Le fait de ne pas connaître l’artiste permet parfois d’en révéler plus sur son art. »
– Jed Root
EXPOSITION
Bettina Rheims
Du 28 janvier au 27 mars 2016
Les tirages de l’exposition ont été réalisés par Choi et la contribution du laboratoire Picto.
Rencontre-Conférence avec Bettina Rheims le mercredi 10 février à 18h
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy
75004 Paris
France
http://www.mep-fr.org/evenement/bettina-rheims/
LIVRE
Bettina Rheims
Textes de Bettina Rheims, Patrick Remy
Taschen
Relié, 27,9 x 35,7 cm, 590 pages
(Allemand, Anglais, Français)
ISBN 978-3-8365-5543-2
€ 59,99
Edition limitée à 800 exemplaires à 500 euros;
Edition d’art limitée à 200 exemplaires à 1250 euros.
http://www.taschen.com