The Gender Studies (Les études de genre)
ou comment est né ce projet.
Il y a un an environ, nous avons reçu une requête de Candy magazine, une publication annuelle sur la transexualité et les travestis, pour publier une nouvelle fois, vingt ans après, « Modern Lovers » (Amants modernes) et « Les espionnes ». Un travail sur l’androgyne et le transgenre réalisé au plus dur de l’épidémie du SIDA.
Cela m’a donné l’idée d’aller voir si les choses étaient différentes aujourd’hui dans le monde du genre de ce qu’elles pouvaient être dans les années 80. Nous avons ouvert un compte facebook, pour montrer quelques-unes de ces anciennes photos (parmi elles, la première image jamais réalisée de Kate Moss), avec un message encourageant les gens qui se sentaient « différents » à contacter le studio.
J’ai discuté sur Skype avec de jeunes garçons et filles partout à travers le monde, ils m’ont raconté les histoires les plus extraordinaires à propos de leurs vies.
Il n’y avait rien de triste ou de pathétique dans leurs récits, juste la sensation partagée d’être différent.
Nombre d’entre eux savaient depuis l’enfance qu’ils étaient nés avec le mauvais corps et avaient décidé, beaucoup avec l’aide de leurs parents, de corriger cette erreur originale.
Mais le phénomène qui m’a frappé comme complètement nouveau, c’était ceux qui refusaient de choisir entre les deux options, et avaient décidé de vivre en utilisant les deux identités. Selon le jour, ou l’humeur ; pourquoi se priver de quoi que ce soit ? – En Australie, l’automne dernier, quelqu’un a obtenu pour la première fois la mention « X » sur son passeport, reconnaissance inédite de l’existence d’un « troisième sexe ».
Pendant que nous discutions sur Skype, j’ai été touché par leurs voix, et par les mots qu’ils utilisaient.
Des voix qui ne pouvaient être déguisées bien longtemps, qui se brisaient pendant nos conversations, et revenaient à leur nature première.
Des accents d’un peu partout, parlant en anglais / français / espagnol, de magie et de sorcières et de contes de fées, et de rêves de princesses.
J’en ai fait venir 27 d’entre eux au studio du monde entier, et nous avons travaillé ensemble avec un grand artiste sonore, Frédéric Sanchez, pour les enregistrer au studio juste après les séances de pose. J’ai aussi travaillé en étroite collaboration avec mon ami le merveilleux designer Jean Colonna qui m’a aidé à mettre en valeur ces nouveaux « Modern Lovers ».
C’était fantastique.
Donc l’installation sera une grande salle carrée / rectangulaire.
Ces portraits regarderont le spectateur.
Une bande sonore hypnotique suivra le visiteur tout au long de son parcours dans l’exposition.
Mais si vous vous tenez au centre de la pièce, vous serez capable d’entendre la voix de ce nouveau troisième sexe !
