Jürgen Schadeberg et ses Portraits
par Thierry Maindrault
Cette année 2020 qui se termine a été marqués par un nombre considérable de décès et le monde de la photographie n’a pas été épargné. Je veux m’attarder sur un très grand photographe qui nous a quitté à la fin du mois d’août 2020 aussi discrètement qu’il avait mené toute sa vie. Si ses photographies sont connues dans le Monde entier, le personnage est assez peu connu dans la sphère francophone. Seules quelques images avaient été exposées par la Maison Européenne de la Photographie dans l’exposition collective sur l’Apartheid en 2002.
Une très brève biographie pour bien situer ce photographe hors normes. Né dans l’Allemagne nazie, en 1931. Sa vie de photographe trop difficile après la guerre dans la ville de Hambourg, le jeune Jürgen rejoint sa mère, remariée à un anglais après guerre, en Afrique du Sud. Arrivé sur place, il est profondément choqué, lui qui avait grandi sous le régime nazi, par la mise en place d’un apartheid officiel et juridique. Il n’aura de cesse de témoigner et de soutenir les populations des townships. L’ensemble de son œuvre est considérable de la création locale de la revue Drum à la diffusion pour la presse sur toute la planète, il est également considéré comme le père et le mentor (Bob Gosani, Ernest Cole, Peter Magubane) de la photographie sud africaine.
A mon sens Jürgen Schadeberg est l’un des grands maîtres de la photographie, il est à noter qu’il faisait ses tirages lui même pour maîtriser tous ses choix du déclencheur de son Leica jusqu’à l’épreuve diffusée.
Les présentations étant faites, dans ce premier volet, je vais essayé de mettre quelques mots sur les portraits qu’il a réalisés. Rien de trop prétentieux, les images qui défilent sous vos yeux, ci-dessus, peuvent se passer de tout commentaire.
Ce sont quelques particularités incontournables que je souhaite mettre en valeur. Regardez bien, dans tous ces portraits que le modèle soit célèbre ou commun, connu ou inconnu, beau ou quelconque, dans tous les cas la personnalité physique est sans aucune importance. Regardez mieux, même lorsqu’ils semblent posés tous ces portraits sont volés et très exactement c’est l’âme ou l’esprit de ces personnes qui sont volés pour vous raconter tant et tant de choses, voire dialoguer avec vous. Plus encore, à aucun moment ne s’impose un style, une griffe, une signature du photographe ; sa vraie « marque de fabrique » c’est l’image, la liberté de l’image, l’histoire de l’image et l’histoire racontée par l’image. Que ce soit Myriam Makeba ou le futur président Nelson Mandela ou tout autre, les photographies en dehors de tous critères académiques (et pourtant elles sont bien présentes les règles) laissent tous ces personnes raconter et partager avec vous.
Jürgen Schadeberg était discret, ses modèles aussi et pourtant quel bonheur de passer quelques instants avec eux.
Bonne Espérance Gallery
3 rue Notre Dame de Bonne Nouvelle
75002 PARIS
exposition jusqu’à la fin février 2021