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Bernard Descamps par Brigitte Ollier

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«Je photographie l’Afrique rurale,
celle des gens qui ont les pieds sur leur terre.»

Bernard Descamps a toujours eu horreur des contraintes et des obligations, déjà à l’école, il n’en faisait qu’à sa tête, mais «brillant élève quand il le veut», notaient les professeurs. «J’étais un grand bavard, même si j’appréciais déjà le silence», dit-il aujourd’hui, détendu, volontiers disert, sans chichi. Promu à un avenir confortable, ce biologiste tombé dans le bain de la photographie s’y sent si heureux qu’il abandonnera finalement la recherche. En 1978, le voici professionnel, trois ans après avoir exposé à la Bibliothèque Nationale grâce à Jean-Claude Lemagny– qui devine un réel changement dans cette nouvelle vague française riche de noms prometteurs: Eddie Kuligowski, Bernard Plossu, Bruno Réquillart.

Automne 1985, autre étape importante, son entrée à l’agence VU’; juste avant, cet homme épris de simplicité a découvert le Sahara, oasis de pures lumières et d’ombres minérales, le sujet de son premier livre accompagné de poèmes de Tahar Ben Jelloun. Depuis, de l’Algérie à l’Éthiopie, du Mali à Madagascar, ce reporter au lent cours a sillonné une partie de ce continent africain qu’il imaginait, enfant, comme un royaume uni dans l’allégresse: magie noire!

En Afrique, il a trouvé des valeurs ancestrales, ainsi le respect pour la terre, plus précieuses à ses yeux que n’importe quel diamant. Il y a aussi organisé, en 1994 avec Françoise Huguier, les premières Rencontres de la photographie africaine, où furent dévoilés Malick Sidibé, Samuel Fosso, Seydou Keïta, Pierrot Men, et ces ambassadeurs de la mémoire noire qui ont inscrit dans le futur cette Terre d’ébène, comme la nommait le grand reporter Albert Londres.

Pas de bornes, hasard des rencontres, contemplation graphique, les photographies de Bernard Descamps reflètent son état d’esprit de voyageur céleste; et son goût de l’ombre partagé avec André Kertész. Il penche vers le minimalisme. Et une certaine eurythmie qui n’est pas gratuite ou subtilement jouée, mais qui rappelle combien il a le don de l’émerveillement. C’est pourquoi il poursuit sa route, l’horizon devant lui, en quête d’inattendu.
Brigitte Ollier

Quelques Afriques, Bernard Descamps, texte de Brigitte Ollier, éditions Filigranes, 2011

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