La Photographie subjective à la Galerie Kicken
De l’automne 2013 au printemps 2014, la galerie Kicken Berlin aura présenté une centaine d’œuvres du mouvement de la « Photographie subjective » en deux volets d’expositions composant un ensemble digne d’une exposition muséale. Les tirages présentés sont magnifiques, comme toujours dans cette galerie spécialisée dans la photographie vintage et les œuvres sur papier (voir aussi au sous-sol les œuvres du photographe pictorialiste Heinrich Kühn avec notamment de rares grands formats).
Otto Steinert (Saarbrücken, 1915 – Essen, 1978) fonda avec Peter Keetman en Allemagne à la fin des années 1940 le groupe Fotoform et conçut ensuite trois expositions intitulées Subjektive Fotografie en 1951, 1954 puis 1958. Elles établiront la reconnaissance du mouvement artistique sur le plan international. Les expérimentations photographiques des années 1920-1930 des surréalistes et du Bauhaus (Man Ray, László Moholy-Nagy) avaient été interrompues par la Seconde Guerre mondiale. A la fin des années 1940 réapparaitra alors comme une seconde avant-garde avec notamment les artistes du groupe Fotoform qui reprendront le cours de l’expérimentation en photographique.
Les artistes de la « Photographie subjective » jouent avec la réalité et les images produites jouent avec le regard du spectateur. Qu’est-il donné à voir ? Que voyons-nous ? Il est parfois difficile de le définir tant le sujet est « simple » : une ombre, une ligne, une forme. Les expériences sont infinies ; les résultats sont intimement réjouissants.
Ce mouvement s’est propagé internationalement et les membres qui le constituent sont originaires d’Europe, d’Asie ou d’Amérique : Otto Steinert, Siegfried Lauterwasser, Ludwig Windstosser, Toni Schneiders, et Peter Keetman du groupe « Fotoform » sont basés en Allemagne, Kiyoshi Niiyama et Takashi Kijima au Japon, Christer Strömholm est suédois, Harry Callahan et Aaron Siskind représentent l’héritage américain du nouveau Bauhaus de László Moholy-Nagy, Thomaz Farkas, Gaspar Gasparian, et Marcel Giró font partie de l’école de São Paulo.
Face aux critiques et controverses du début, Otto Steinert répondait que ces expérimentations étaient des recherches visuelles qui seraient impopulaires au commencement mais trouveraient une reconnaissance dans le futur. A la fin des années 1950, après trois expositions majeures, la conclusion était évidente. Six décennies plus tard, on ne peut que confirmer la résonnance internationale des artistes de la « Photographie subjective ».
Rudolf Kicken a travaillé dès ses débuts avec les archives d’Otto Steinert dont des pièces importantes sont présentées dans l’exposition aux côtés de celles d’autres figures allemandes majeures. Au-delà de certaines œuvres iconiques, la galerie révèle des œuvres inconnues désormais visibles et offertes sur le marché.
EXPOSITIONS
Subjektive Fotografie 2 : more Adventures in the visual field
Heinrich Kühn
Jusqu’au 24 avril 2014
KICKEN BERLIN
Linienstrasse 161 A
10115 Berlin