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Berlin: Gabriele Basilico–Common Pavilions

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Foires et biennales d’art se succèdent de nos jours sans répit dans le calendrier international. Si ces événements sont temporaires et si les importants flux d’œuvres et de visiteurs qui les animent sont éphémères, les lieux qui les accueillent, eux restent et se chargent de l’histoire des événements passés.

A Venise, les Giardini constituent chaque année le décor de l’exposition internationale d’art contemporain ou de l’exposition internationale d’architecture de la Biennale de Venise, organisée pour la première fois en 1895 en ces lieux même.
Un pavillon central abrita toutes les biennales pendant dix ans puis les organisateurs proposèrent en 1905 aux différents pays participants de construire leur propre pavillon. Le pavillon belge fut le premier pavillon étranger édifié dans les Giardini en 1907, suivit par les pavillons hongrois, allemand et du Royaume-Uni en 1909, de la France et des Pays-Bas en 1912 etc.

Les architectes suisses Diener & Diener ont en 2012 invité 33 auteurs – architectes, artistes, historiens, philosophes – de différents pays à écrire des essais sur chacun des 30 pavillons aujourd’hui existants dans les Giardini de Venise et ils ont demandé au regretté Gabriele Basilico (12 août 1944, Milan – 23 février 2013, Milan) de photographier les pavillons de l’intérieur et de l’extérieur.

Ce projet intitulé « Common Pavilions » a été conçu pour la 13ème exposition internationale d’architecture de Venise qui s’est déroulée du 29 août au 25 novembre 2012. L’exposition est actuellement présentée à Aedes Berlin et son contenu vient d’être publié chez Scheidegger & Spiess Verlag.

Le forum pour l’architecture Aedes à Berlin présente ainsi « Common Pavilions » du 22 mars au 9 mai 2013, une exposition à la mise en forme particulièrement maitrisée.

Une simple étagère blanche parcourt les murs de la salle à un mètre de hauteur environ. Sur cette étagère et au sol sont placées les photographies, posées. Les photographies noir et blanc sont enfermées chacune dans des boites de plexiglas, formant comme des vitrines individuelles pour chaque œuvre photographique, mais aussi alors pour chaque œuvre architecturale – chaque pavillon capturé par l’œil de Basilico.
Les œuvres se juxtaposent voire se superposent comme dans un atelier d’artiste où les toiles envahissent les murs, se recouvrant partiellement l’une après l’autre au fil du temps passé et du travail accompli.
Cette exposition rend hommage à la figure de l’artiste et à l’espace de son atelier. La scénographie met aussi joliment en abîme le paysage des Giardini dans lesquels sont apparus parmi les arbres les uns après les autres, les 30 pavillons érigés pendant près d’un siècle, traçant le développement de l’art contemporain au niveau mondial.

Les 30 essais rédégiés par 33 auteurs sont présentés dans l’exposition sous trois formes. Tout d’abord la plus visible : une table d’environ 10 m de long, recouverte de tissu comme pour un banquet sur lequel sont cousus les livrets : un essai pour chaque pavillons, tous de même format, texte en langue originale et en anglais. Deuxièmement, des iPads sont placés dans la salle sur lesquels une application regroupe tous les textes écrits et illustrés mais aussi lus.
Enfin, les voix ayant enregistré les lectures sont aussi audibles dans la salle ; les textes alternant l’un après l’autre en toile de fond.

Le visiteur se trouve ainsi au coeur des Giradini, magnifiés par Gabriele Basilico. Les pavillons au repos y apparaissent comme des lieux de recueillement, entourés de nature, mi sanctuaire mi cimetière. Vides, ils pourraient paraître sans vie mais ils semblent au contraire bien animés de tous ceux ayant ajouté leur pierre à l’édifice, au propre comme au figuré : architectes, artistes, visiteurs.

Ces pavillons indéniablement chargés du passé se veulent bien sûr représenter des symboles forts.
La charte internationale pour la conservation et la restauration des monuments et sites de Venise datant de 1964 atteste : « Imbued with a message from the past, the historic monuments of generations of people remain to the present day as living witnesses of their age-old traditions … It is essential that the principles guiding the preservation and restoration of ancient buildings should be agreed and be laid down on an international basis, with each country being responsible for applying the plan within the framework of its own culture and traditions. »


Un certain nombre de pavillons ont ainsi été rénovés, agrandis ou remodelés depuis leur construction, selon les volontés des nations de suivre des évolutions stylistiques ou politiques. Le pavillon allemand, construit en 1909 a été démolit et reconstruit en 1938 sous le régime National Socialiste puis déchargé de l’emblème Nazi qui avait été placé au-dessus du portail d’entrée après la seconde guerre mondiale en 1945. Un important débat a désormais lieu depuis des années : le pavillon allemand est classé et protégé par le droit italien comme un monument historique mais la Chambre fédérale des architectes d’Allemagne a déclaré en 2010 que la valeur historique de ce pavillon ne justifiait pas son maintien.

Les pavillons n’ont pas fini de faire parler d’eux et le terrain des Giardini foulé par des milliers de visiteurs…

Bonne visite !
sur le site internet dédié au projet : www.commonpavilions.com
entre les pages du catalogue : www.scheidegger-spiess.ch
dans l’exposition à Aedes Berlin : www.aedes-arc.de

Eva Gravayat

« Common Pavilions »
Diener & Diener Architekten with Gabriele Basilico
Commissaire d’exposition : Adele Re Rebaudengo

Exposition à Berlin du 22 mars au 9 mai 2013
Aedes Am Pfefferberg
Christinenstraße 18-19
10119 Berlin
Allemagne
Aedes présente aussi actuellement l’exposition de photographies de Julia Schulz-Dornburg « Modern Ruins – A Topography of Profit »

Exposition à Prague du 23 septembre au 20 octobre 2013

Festival Architecture Week Prague
République Tchèque

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