Pour l’exposition de rentrée, la galerie présente l’exposition « E blanc » de Patrick Bailly-Maître-Grand.
Dans un de ses poèmes (*), Arthur Rimbaud donnait des couleurs à ses voyelles. Le E est blanc.
D’une façon très analogique, il m’a semblé que certains de mes travaux possédaient ensemble une sorte de grammaire élémentaire dont ni la thématique, ni la date de création ne pouvait les regrouper, si ce n’est une obsédante tonalité blanche qui enrobe le sujet représenté dans une sorte de vide, apporté par le papier photographique lui-même.
Finalement, dans cette exposition, ma sélection de photographies de « type E » montre le combat lumineux, entre la poudre de plâtre et l’empreinte, le carton immaculé et le papier support, l’intense lumière solaire qui écrit quelques ombres, ou bien des reliques auréolées d’un blanc pur.
Puisse le « regardeur » y percevoir un besoin de liberté et d’évasion à l’exact opposé de ces images sombres (les A noirs de Rimbaud) qui, pourtant, peuplent souvent mes autres travaux. Mais, après tout, la photographie n’est-elle pas justement cette «écriture» noire créée avec la blancheur de la lumière, A né de E ?…
Patrick Bailly-Maître-Grand
(*) « Voyelles ». 1872
Patrick Bailly-Maître-Grand est né le 1er février 1945 à Paris. Diplômé en sciences physiques (maîtrise à la Faculté des sciences de Paris Jussieu) en 1969, sa carrière d’artiste démarre durant l’année 1979 avec la peinture. A partir des années 1980, ses recherches plastiques l’orientent vers la photographie. Il explore la photographie comme un processus de révélation, à l’instar de la science. Son travail met en lumière le fait photographique, sa physique, à travers l’exploration de plusieurs techniques comme le daguerréotype, qui fixe l’image dans le détail, dans sa profondeur. Patrick Bailly-Maître-Grand travaille en série, comme par expérience, en déclinant ses sujets, pour en extraire le sens. En refusant de travailler avec les nouvelles technologies, il place la photographie comme media privilégié entre l’esthétique et le processus chimique. L’artiste élabore ses tirages lui-même, où il ajoute virages et colorations, de la même façon qu’un chimiste dans son laboratoire. Il réinvestit l’histoire des techniques et nous fait cheminer à travers les processus dont il exploite à rebours les propriétés : la lumière devient matière, la substance devient évanescence. Son maître : Etienne Jules Marey. Son inspiration : ses collections de photographies anonymes. Les œuvres de Patrick Bailly-Maître-Grand ont été exposées à l’international et font partie des collections de grands musées tels que le MoMa, le Centre Pompidou, le FNAC, le Musée national du Victoria, Sainsbury Centre for Visual Arts à Norwich (GB), le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg ou le Museet for Fotokunst Odense…
Patrick Bailly-Maître-Grand : E blanc
du jeudi 1 au samedi 24 septembre 2022
Galerie baudouin lebon
21 rue Chapon
75003 Paris France
www.baudoin-lebon.com