Ce fut l’une des périodes bénies de l’histoire de la photographie.
La fin des années 60 et le début des années 70 : la reconnaissance de la Photographie.
La découverte aussi de pan entiers de l’histoire de l’image fixe restés jusque là inconnus.
L’irruption de nouveaux collectionneurs, conservateurs et galleristes qui vont faire de cette époque un second age d’or.
Baudoin Lebon vient de consacrer un hommage à 2 de ces personnages mythiques : les Tex Braun.
Il nous a confié ces images et ces textes.
Jean-Jacques Naudet
François Braunschweig et Hugues Autexier, mieux connus sous le nom de Texbraun, ont débuté en tant que bouquinistes avant de s’installer aux Puces et de fonder leur galerie rue Mazarine. La Galerie Texbraun a joué un rôle essentiel dans la reconnaissance de la photographie en France, contribuant ainsi à l’évolution dynamique du marché photographique. Elle a fermé ses portes en 1986, laissant derrière elle un héritage indélébile dans l’histoire de la photographie française.
Texte de Baudoin Lebon
François Braunschweig et Hugues Autexier ont formé un couple qui a profondément marqué le monde de la photographie dans les années 1980. D’abord bouquinistes, puis « puciens » à Saint-Ouen, ils ont créé leur galerie dans l’ancien espace d’Ileana Sonnabend. Dans ce local splendide mais bas de plafond, rue Mazarine, ils ont fait le choix de l’éclectisme. Mélangeant photographes du XIXe et du XXe siècle, ils ont surtout osé exposer les grands noms, aujourd’hui reconnus tels que Robert Mapplethorpe, Joel-Peter Witkin dès 1983, Bettina Rheims, Henry Lewis, Patrick Faigenbaum, Carlo Mollino, Pierre Molinier, et bien d’autres.
Pour les maîtres du XIXe siècle, ils ont trouvé et présenté des pépites, d’Albert Londe à la Salpêtrière, de Teynard, Le Gray, Jean Renaud, Louis Robert, Viollet-le-Duc, Victor Hugo, Aguado, Meyer et Pierson, fécond portraitiste notamment de la Castiglione, de l’Empereur et l’Impératrice), sans oublier Nadar ou la famille Moulin.
J’ai eu la chance de côtoyer et fréquenter François et Hugues que ce soit dans un cadre professionnel ou privé, entre amitié et tensions « business ». Avec ou grâce à eux, j’ai rencontré et collaboré avec de nombreux acteurs institutionnels ou grands marchands, tels Pierre Apraxine, Serge Bramly, Françoise Heilbrun, Philippe Neagu, Harry Lunn, Pierre Bonhomme.
Ils ont participé aux bouleversements de l’univers culturel français des années 1980, traversés par les transformations sexuelles, artistiques et politiques ; des projets lancés dès 1982 par Jack Lang et Claude Mollard avec la création des FRAC, les journées du Patrimoine et de la Fête de la Musique.
Leur galerie a vécu six ans, de 1980 à 1986, le SIDA ayant fauché leur formidable projet, une période suffisamment longue pour laisser une marque indélébile dans le paysage photographique français.
Baudoin Lebon
Décembre 2023
Texte de Henry Lewis
J’étais un jeune homme très naïf lorsque je suis passé par hasard rue Mazarine en avril 1981 avec une petite série de photos sous le bras, inconnu de François Braunschweig et Hugues Autexier. En fait, je n’avais jamais entendu parler de leur galerie ni de leur renommée. J’étais avec Christiane, qui m’a dit de prendre mon courage à deux mains et de leur demander un entretien pendant qu’elle attendait dans un café voisin. À ma grande surprise, ils ont immédiatement accepté et ont examiné les deux douzaines de tirages pendant les deux heures qui ont suivi. C’était la première fois que je montrais mon travail à des galeristes et j’ai donc été très surpris de l’intérêt qu’ils ont manifesté. Par ailleurs, j’ai observé au fond du bureau un homme d’un certain âge que j’ai appris à bien connaître par la suite, Harry Lunn. À l’issue de cette première rencontre, François m’a invité à participer à une exposition qui devait avoir lieu deux mois plus tard, en juin 1981. Ce fut ma première exposition dans une galerie et je n’oublierai jamais qu’ils m’ont donné cette opportunité. Je me souviens encore très bien de cette exposition dans leur bel espace ; les tirages mesuraient environ 30 cm x 40 cm et étaient encadrés dans du plexiglas. Christian Caujolle a rédigé un article d’une page entière à propos de cette exposition, dans lequel il a reproduit quatre images. Je me souviens qu’ils étaient entièrement passionnés par la photographie qu’ils présentaient, quelque chose que je trouve être si rare. Quelques années plus tard, en 1984, une autre exposition a été organisée où j’ai montré mes premiers grands tirages, dont ceux exposés actuellement dans l’hommage de la galerie baudoin lebon à la Galerie Texbraun.
C’est un véritable privilège que Baudoin Lebon ait choisi de continuer à soutenir mon travail après le triste départ des Texbaun.
Henry Lewis
Burradoo, 28 janvier 2024
Galerie Baudouin Lebon
21 Rue Chapon
75003 Paris, France
www.baudoin-lebon.com I @baudoin_lebon