S H A F A G H est le mot persan qui signifie crépuscule. Pour la photographe Klaartje Lambrechts, c’est une métaphore claire de la société iranienne, et le titre approprié pour son exposition sur la danse et le mouvement en Iran.
Pour la création de Shafagh, Klaartje Lambrechts s’est rendue à trois reprises en Iran entre 2015 et 2019. Elle a découvert un pays aux lois sévères mais aux possibilités illimitées. Beaucoup de ces possibilités sont créées dans une zone grise, dépourvue de frontières claires. Une zone crépusculaire entre ce qui est autorisé et ce qui est possible, entre ce qui attire l’œil et ce qui reste caché. Tout ce qui fait référence à la danse est extrêmement sensible pour le régime islamique. La plupart des formes de danse sont tout simplement interdites en public. Pourtant, Klaartje a rencontré des Iraniens passionnés par la danse et le mouvement. Des gens qui dansent comme un moyen d’expression, certains même à titre professionnel. Leurs activités se déroulent en grande partie à l’intérieur, sous le radar. D’autres cherchent à explorer ce que le régime trouve acceptable.
En 2015, Klaartje s’est rendue en Iran pour la première fois. Dans la capitale, Téhéran, elle a fait le portrait de personnes pour qui la danse et le mouvement sont une passion. Des images en noir et blanc tout droit sorties de la piste de danse alternent avec des portraits apparemment classiques. Les femmes sont immobiles, habillées selon les exigences du régime. Leurs histoires sont inexprimées, mais visibles à travers des détails subtils. Dans le mouvement des danseuses, la photographe entend un écho de la déclaration légendaire de Pina Bausch :
‘Danse, danse, sinon nous sommes perdus’
À l’automne 2019, Klaartje accompagnée par deux danseurs de Téhéran c’est rendue dans les zones désertiques de Dasht-e Lut et Bushehr, dans le sud de l’Iran. Fuyant l’agitation étouffante de Téhéran, la photographe a cherché le vide désolé de l’impressionnant paysage désertique où elle a réalisé une série conceptuelle parmi les dunes de sable, les rochers et les salines. Les corps des danseurs disparaissent dans les tissus qui les sculptent. Ils explorent, luttent et étirent leur espace. Capturés par l’appareil photo, leurs contours deviennent des sculptures dans le vaste paysage désertique, un mouvement immobilisé dans lequel la dynamique et la tension sont encore contenues. La série donne une image magnifique de la danse et du mouvement en Iran, et est une belle métaphore de la société iranienne contemporaine, dans laquelle le même type de tension est constamment tangible. Les tissus limitent les danseurs. En même temps, ils offrent une protection à l’observateur extérieur.
La photographe Klaartje Lambrechts (1976) vit et travaille à Anvers. Elle a présenté son travail en diverses expositions en Belgique, à Paris, à Milan et à Londres. Elle travaille comme photographe indépendante pour des magazines tels que Weekend Knack, De Standaard Magazine, De Morgen Magazine, Le Vif, Marie Claire et Feeling. Elle a remporté le Weekend Knack Award en 2011 et en 2012 elle a été sélectionnée pour le Sony world award ‘Art & culture’. En 2016, The Guardian a écrit un article sur son œuvre.
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