Depuis 10 ans, la Galerie Binome explore les nouvelles formes et les limites de la photographie. Pour sa deuxième participation à Art Rotterdam, la Galerie Binome propose « Entre deux », un group show de quatre artistes : Laurence Aëgerter, Anaïs Boudot, Marie Clerel et Thibault Brunet. La sélection des œuvres revisite l’approche du paysage en photographie, bousculant tous les marqueurs traditionnels du medium. Entre réel et virtuel, représentation et abstraction, le visiteur ne sait plus très bien ce qui, de la réalité ou de la fiction, lui est donné à voir. La matérialité des œuvres sur textile (tapisserie, drap) ou sur verre, leur volumétrie dans l’espace (photogrammétrie, sculpture) ou leur développement en séquence (calendrier, video), permet de considérer ce que peut être la photographie contemporaine, dans un double mouvement très actuel de réappropriation de processus anciens ou d’extrapolation de nouvelles technologies dans le champ de la photographie.
Laurence Aëgerter
Longo Maï, 2013 – 2020
La série Longo Maï puise ses racines dans le Web et s’appuie sur une douzaine d’images numériques collectées par l’artiste. Il s’agit de photographies anonymes de basse résolution que Laurence Aëgerter, par l’art du déplacement, métamorphose en somptueuses tapisseries Jacquard.
Le titre Longo Maï est une expression occitane, région d’origine de l’artiste qui a grandi à Marseille. Cette expression provençale, est utilisée lorsqu’on lève son verre à la vie pour dire : « que votre bonheur soit éternel ». À son tour, Laurence Aëgerter conjure ce fragile équilibre des choses en transformant de simples photos de vacances perdues dans les profondeurs du Web en un monument au plaisir de l’instant.
Longo Maï de Laurence Aëgerter est une ode à la vie qui, sous la forme d’une métaphore, tisse la petite histoire de la photographie. A l’origine, c’est cette image latente qui attend la lumière pour faire remonter le souvenir à la surface.
Anaïs Boudot
Un rayon dans cette mer sur une lune, 2019
Le titre de la série Un rayon dans cette mer sur une lune, emprunté aux Poèmes à la nuit (1916) de Rainer Maria Rilke, évoque le mouvement de notre regard sur le monde, le mouvement de nos incertitudes. Les pierres de la côte basque, érodées par les marées et le vent, recréent des cartographies avec leurs courants, lits, montagnes et cratères, dans une matérialité brute et brillante. On pourrait voir des photographies aériennes de planètes ou de satellites lointains, on pourrait voyager par l’imagination dans leurs méandres, on pourrait lire des signes graphiques dessinés par les éléments. Microcosmes ou macrocosmes, ces territoires ne sont habitables que par nos projections… bref, ce sont des objets transitoires pour nos voyages imaginaires.
Marie Clerel
Midi, 2017-19
Pour la série Midi, Marie Clerel a rendez-vous avec le soleil. Tous les jours à midi, elle expose pendant le même temps une feuille de papier photo sensibilisé aux UV en utilisant le procédé des cyanotypes. Dans ces gestes quotidiens, chaque micro-variation du matériau – la rugosité du papier, toute application manuelle – entre en résonance avec le temps, lui aussi en constante évolution. En référence à la forme française classique du calendrier mensuel, chaque pièce est composée de 29, 30 ou 31 impressions cyanotype dans des nuances de bleu suggérant le ciel, la couverture nuageuse, la brume, la traînée d’avion ou la nuit lumineuse.
Untitled (Ciels), 2016-20
Avec Sans titre (Ciels), une autre série de cyanotypes commencée en 2016, Marie Clerel développe un protocole, comme un rituel de rencontre avec le Soleil lors de ses voyages. De grands draps de coton, qu’elle a fait tremper dans un bain chimique avant le départ, sont ballottés dans ses bagages avant d’être exposés au ciel : un lieu et un temps dont la pièce unique tire son titre.
Thibault Brunet
Territoires circonscrits (Confined Territories), 2016-18
Lancé en 2015, le projet » Territoires Circonscrits » est une étude inspirée des missions photographiques du siècle dernier (FSA, DATAR). Sur le littoral français, équipé d’un scanner 3D pour capturer des clichés à 360 degrés de son environnement, Thibault Brunet produit des images qui pourraient presque être des modèles 3D. En développant ces paysages en réalité virtuelle, il joue sur l’ambiguïté de la position de l’image pour en révéler le potentiel narratif. Distants de la réalité, ces espaces sont le décor d’une scène quasi cinématographique.
Galerie Binome
19, rue Charlemagne
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