Arnaud Tudoret – Burning Man 2015

J’ai eu le privilège de me rendre au festival Burning Man dans le désert de Black Rock City, Nevada, lors de l’édition 2015. Festival et rencontre artistique d’un autre type, le Burning Man est définitivement en dehors de l’espace et du temps et l’on y siège à côté de soi-même, ce qui procure une sensation de bien-être étrange et inédite. Le monde extérieur (‘Default World’ le temps du festival) est bien loin, des années-lumières. Les paysages, décors, ambiances, costumes, parures et personnages rappellent à bien des égards l’univers du cinéma. Chaque participant est figurant et endosse, le temps d’une semaine, un ou plusieurs rôles : il y a là un enchevêtrement, un mélange de genres, un bouleversement des rapports humains et de la chronologie, de telle sorte qu’il s’écrit un scénario dont mes images tentent de rapporter un récit concis. Les scènes photographiées sont définitivement celles d’un spectacle, un événement de nature et dimension cinématographique qui se joue à ciel ouvert, en lumière naturelle.
Dans cet état de spectacle permanent, j’ai choisi de rapporter des images plutôt silencieuses et intimistes, aidé en cela par le White Out, nuage de poussières soulevées par le vent -très actif lors de cette édition du Burning Man- agissant de manière décisive dans la majeure partie de mes images.
Plus dur sera le retour. On rapporte de cet univers des images singulières et distinctives. Elles ne donnent pourtant qu’une impression vague et lointaine, un témoignage mutilé d’une partie de ses éléments. Les sens se mélangent et l’image ne suffit pas à rendre ce qu’on y vit, ce que l’on ressent. Mais on essaie. Dans une tentative désespérée.

Arnaud Tudoret