Notre ami Serge Assier (cet homme est l’ami de tous parmi les magiciens de la photographie) est l’un des personnages parmi les plus emblématiques des Rencontres Photographiques. Après plus de cinquante années consacrées à la photographie, il va exposer, ses œuvres, à Arles pour la quarante-neuvième fois. Peu d’entre nous (je n’en connais personnellement pas d’autres) peuvent afficher un tel palmarès et une telle constance. Grand photographe provençal, à la truculence inarrêtable, Serge s’est illustré dans son art sur plusieurs générations et dans une multitude de spécialités. Ses reportages journalistiques au quotidien, ses couvertures de grands évènements comme à Cannes où il était un opérateur majeur, ses portraits de l’instant de personnalités très diverses, nous sont offerts par ce multicartes talentueux de la photographie.
Comme quelques-uns des ténors provençaux orbitant autour de cette cité d’Arles, il a toujours su s’intéresser à ses collègues et pousser en avant ceux qui n’osaient pas trop.
Je pense cette introduction nécessaire. Car, tout le monde connait Serge Assier, ce compagnon aussi convivial que discret ; mais, peu connaissent l’ampleur de son travail et ses images utilisées dans le monde entier.
Préoccupé de l’avenir de son fonds photographique énorme, il vient d’être informé que la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie a décidé de prendre la pérennité de ses œuvres en charge.
J’arrive sur l’exposition 2024. Peu de gens, hors le cénacle, connaissent les liens très particuliers que Serge entretient avec la littérature et quelques grands auteurs comme René Char ou Michel Butor. Si tous ses amis écrivains ont été immortalisés dans quelques-uns de ses portraits célèbres, il a aussi travaillé plus intimement sur des créations en symbiose avec eux.
C’est ce travail photographique de recherche et de création qui est exposé, cette année, à Arles, et sur lequel il est temps que nous nous penchions.
Ces poèmes photographiques, en miroir, des poèmes couchés sur le papier par René Char, Dominique Siampiero ou Michel Butor, sont, par la technique et la spontanéité photographique, la face imagée de la poésie instantanée. L’imprécision, le dérapage photographique répondent, point par point, à une incertitude ou une absence lexicale des textes.
Qu’elles soient volontaires (c’est la grande classe) ou involontaires (plus d’un demi-siècle à jouer avec la lumière), les photographies chantent les textes sans jamais ni les traduire, ni les trahir. Le résultat est sous nos yeux.
Vous allez aimer, vous allez détester ; alors, vous allez rentrer dans cette exposition, quel que soit votre âge ou vos compétences photographiques. Cette année, il semble impossible d’être à Arles sans passer saluer les photographies de Serge Assier.
Thierry Maindrault
EXPOSITION
Serge Assier
La Galerie Ephémère
13 rue de l’hôtel de ville
13200 Arles
tous les jours de 09 h 00 à 19 h 00,
du 01 juillet au 24 août 2024.
