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Arles 2022 : Les hybridations divines de Delphine Diallo

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Les hybridations divines de Delphine Diallo

À l’occasion des Rencontres d’Arles, la galerie Fisheye présente la nouvelle série de Delphine Diallo, Golden Age, produite en collaboration avec WhiteWall. Mêlant photographies et collages, l’exposition invite à pénétrer dans l’univers de cette artiste protéiforme.

La série Golden Age a pour origine une proposition : le souhait d’un grand amateur dart africain de réaliser une œuvre à partir de sa propre collection. Parmi les 3000 artefacts qui la constituent, la photographe choisit de travailler avec les masques rituels, traditionnellement portés par des hommes, quelle se réapproprie à travers de puissants autoportraits, lui permettant de « raconter [son] histoire de femme ».

Delphine Diallo invite également trois femmes à créer une nouvelle connexion spirituelle avec ces objets, « trois femmes noires représentant trois beautés physiques du continent africain – Soleïta la Congolaise, Oyte l’Érythréenne, et Johanna la Nigériane ». Devenues reines ou déesses, elles sont immortalisées à travers des portraits grands formats, tirés par la firme allemande WhiteWall sur papier mat, dont le noir et blanc aux tonalités sépia permet d’inscrire cette « transmutation du divin » dans l’Histoire.

En se réappropriant ces masques réservés aux hommes, l’artiste amorce une réécriture de l’histoire de la spiritualité africaine, dont le cœur est désormais féminin. Une reconnexion spirituelle d’autant plus essentielle que ces artefacts, arrachés à leur source, avaient perdu leur identité divine. Un nouveau souffle de vie et d’immortalité leur est ici injecté « à travers le corps des femmes africaines — elles-mêmes divines. » Par cette démarche à la fois féministe, spirituelle et post-colonialiste, Delphine Diallo rejoint la démarche d’un Samuel Fosso ou d’une Zanele Muholi, des photographes qui, comme elle, s’inscrivent dans un mouvement naissant de l’histoire de l’art visant à recentrer la place de l’art africain.

En pendant de ces portraits, la photographe présente une série de collages inédits, des grands formats qui mêlent ses « aventures terrestres avec l’intérieur de [sa] psyché. » Il était essentiel pour Delphine Diallo de montrer ces œuvres qui constituent pour elle le long travail de recherche dont ses photographies sont issues.

L’ampleur saisissante de son univers se déroule sous nos yeux à travers chacune des images formant les collages : le corps féminin ; les divinités — africaines mais aussi celles que Delphine Diallo a rencontrées à travers le monde ; les memento mori ; la faune et la flore ; la connexion à la nature, source de vie et de création ; les coquillages, dont la géométrie reflète pour elle la forme du cosmos.

Ces images sont parsemées de références à l’histoire de l’art occidental qui se font écho d’un collage à l’autre et que Delphine Diallo détourne. Elle revisite notamment les célèbres décompositions du mouvement de Muybridge en invoquant la figure de la femme guerrière. Cette protectrice des dieux fait partie des nombreux archétypes oubliés qu’elle entend raviver pour rappeler aux femmes d’où elles viennent.

La photographe libère cette guerrière du cadre imposé par chaque image des frises de Muybridge : «  j’ai fait en sorte que le corps rentre à chaque fois dans l’autre image. C’est pour moi l’opposé de la perception patriarcale où l’on attribue chacun à une case, dont il est impossible de sortir. » À nouveau, le corps féminin est vecteur d’émancipation.

Miroir de la psyché de Delphine Diallo, Golden Age est une rencontre entre l’histoire de la spiritualité africaine et du féminisme, magnifiée par un kaléidoscope de références issues de ses nombreux voyages à la découverte des mythologies du monde.

Plus d’informations : 

Delphine Diallo – Golden Age
Fisheye Gallery
19 rue Jouvène
13200 Arles

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