Cette année, la promotion du Prix Découverte Louis Roederer est exposée au cœur de la ville d’Arles dans le bijou gothique qu’est l’Église des Frères Prêcheurs, à partir du 4 juillet 2021 (et jusqu’au 29 août).
Depuis leur création, les Rencontres d’Arles se consacrent à la photographie et à ses acteurs. Pour cette 52e édition, le festival a souhaité associer au Prix Découverte Louis Roederer tous les lieux d’expositions : par leur travail de défricheur, les galeries, les centres d’arts, les espaces associatifs, les lieux indépendants et les institutions sont souvent les premiers à accompagner les artistes émergents. Ainsi, ces structures ont pu proposer un projet d’un artiste dont le travail a été récemment découvert ou mérite de l’être auprès d’une audience internationale.
Sous le commissariat de Sonia Voss, le Prix Découverte Louis Roederer 2021 sera présenté comme une exposition collective, dans le but de faire résonner les 11 projets sélectionnés. Unis par une volonté d’interroger et de repenser les techniques et les genres, ils témoigneront d’une préoccupation du corps, son ancrage dans le monde, autant que de la matérialité de la photographie.
Résolument engagées en faveur de l’environnement, les Rencontres d’Arles pensent le festival de façon toujours plus éco-responsable. C’est dans cette démarche que la scénographie du Prix Découverte 2021 a été confiée à Sonia Voss et Amanda Antunes, accompagnées par l’association La Réserve des Arts, spécialisée dans le réemploi de matériaux dans le monde de la culture.
Le Prix Découverte Louis Roederer 2021 sera ainsi la première exposition du festival entièrement éco- conçue.
La Fondation Louis Roederer ne peut que se réjouir de cette initiative, en totale cohérence avec les valeurs de sa maison mère qui, depuis plus de vingt ans, conduit une viticulture vertueuse dans le respect du sol et de la biodiversité.
- FARAH AL QASIMI (Émirats Arabes Unis) présentée par The Third Line (Dubaï, Émirats Arabes Unis) et Helena Anrather (New York, États-Unis)
- KETUTA ALEXI-MESKHISHVILI (Géorgie) présentée par la Galerie Frank Elbaz (Paris, France)
- MARIANA HAHN (Allemagne) présentée par Display (Berlin, Allemagne)
- ILANIT ILLOUZ (France) présentée par MABA | Fondation des Artistes (Nogent-sur- Marne, France)
- JONAS KAMM (Allemagne) présenté par la Folkwang Université des Arts (Essen, Allemagne)
- TARRAH KRAJNAK (Pérou) présentée par as-is.la gallery (Los Angeles, États-Unis)
- MASSAO MASCARO (France) présenté par la Fondation Stichting (Bruxelles, Belgique)
- ZORA J MURFF (États-Unis) présenté par la Webber Gallery (Londres, Grande-Bretagne / New York, États-Unis)
- AYKAN SAFOGLU (Turquie) présenté par The Pill (Istanbul, Turquie)
- ANDRZEJ STEINBACH (Pologne) présenté par la Berlinische Galerie (Berlin, Allemagne)
- MARIE TOMANOVA (République Tchèque) présentée par la Pragovka Gallery (Prague, République Tchèque)
Les lauréats du Prix du Jury et du Prix du Public seront annoncés en clôture de la semaine d’ouverture, le samedi 10 juillet, au théâtre Antique d’Arles.
LES ONZE PROJETS SÉLECTIONNÉS – Première partie
FARAH AL QASIMI
THE THIRD LINE, DUBAÏ, ÉMIRATS ARABES UNIS ET HELENA ANRATHER, NEW YORK, ÉTATS-UNIS
Née en 1991 à Abou Dabi, Émirats arabes unis.
Vit et travaille à Dubaï, Émirats arabes unis, et New York, États-Unis.
MIRAGE DE LA VIE
Avec humour et au moyen d’un usage subtil et audacieux des couleurs, Al Qasimi nous conduit dans des intérieurs typiques de la classe bourgeoise de son pays d’origine, les Émirats arabes unis. Les éléments de décoration traditionnels y côtoient les objets utilitaires modernes, l’usage familier se fond dans la représentation sociale, l’esthétique propre au golfe Persique se mêle à celle héritée du colonialisme. Pour mettre en lumière cette hétérogénéité de goûts et de valeurs, l’artiste joue habilement avec les stéréotypes. Le résultat, hybride, saturé, à la fois joyeux et troublant, reflète les évolutions ultrarapides d’une toute jeune nation. La problématique culturelle, politique et religieuse de la visibilité des femmes, et plus généralement de la représentation des corps est aussi au centre de ses photographies qui, par leur caractère suggestif et leurs cadrages sophistiqués, contournent le tabou de la figuration en s’attachant à des objets érotisés et mettent au premier plan les femmes, ainsi que leurs interactions sociales, au sein des espaces qu’elles habitent.
KETUTA ALEXI-MESKHISHVILI
GALERIE FRANK ELBAZ, PARIS, FRANCE
Née en 1979 à Tbilissi, Géorgie. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.
ORNEMENTS GÉORGIENS
Familier et impersonnel tout à la fois, le sac plastique est au centre du plus récent travail de Ketuta Alexi-Meskhishvili. Fascinée par cet objet à la fois fragile et durablement polluant – ce « fossile du futur » selon l’artiste – elle le collectionne depuis quelques années. En Géorgie, dont elle est originaire, certains de ces sacs à usage touristique portent des motifs ornementaux traditionnels, semblables à ceux que l’on trouve dans les églises byzantines. Le rideau présenté ici est caractéristique de la méthode de l’artiste : issu d’un négatif 4 x 5 pouces auquel elle a apposé un sac plastique éclairé au doigt lumineux – accessoire en vogue chez les clubbeurs –, il est adapté à la nature et aux dimensions du site d’exposition. La matière translucide du textile et son drapé tombant renvoient à l’attachement de l’artiste pour les jeux de transparence et de lumière ainsi qu’au motif de la fenêtre qui apparaît dans nombre de ses œuvres, tandis que les bords noirs rappellent l’analogie entre le rectangle de la photographie et la fenêtre qui ouvre sur le monde.
MARIANA HAHN
DISPLAY, BERLIN, ALLEMAGNE
Née en 1985 à Schwäbisch-Hall, Allemagne.
Vit et travaille entre Paris, France, et Berlin, Allemagne.
ÉROS ET THANATOS EURENT UN ENFANT
Éros et Thanatos eurent un enfant est une installation mixte reflétant la diversité des techniques utilisées par l’artiste : photographie, film, sculpture, matières et objets travaillés de façon processuelle par fossilisation, pourrissement, corrosion. Prenant pour point de départ un moulage réalisé dans les fouilles de Pompéi, l’œuvre est comme un hommage à la photographie, art dont on a pu dire qu’il puisait son origine dans les premières traces des figures humaines. Le corps, enseveli il y a près de 2 000 ans, se présente à nous tel un instantané. Le sel et le cuivre présents dans l’installation renvoient également à une histoire matérielle du médium, tandis que les images animées, obtenues à l’aide d’une caméra Super 8 débarrassée de son objectif, ont l’aspect granuleux des premières épreuves héliographiques, sur lesquelles la figure humaine n’est encore qu’un fantôme.
ILANIT ILLOUZ
MABA | FONDATION DES ARTISTES, NOGENT-SUR-MARNE, FRANCE
Née en 1977 à Paris, France. Vit et travaille à Paris.
WADI QELT, DANS LA CLARTÉ DES PIERRES
Wadi Qelt, dans la clarté des pierres s’appuie sur une recherche au long cours autour des éléments naturels et propose une étude photographique expérimentale de la vallée éponyme, située dans le désert de Judée, entre Jérusalem et Jéricho, à proximité de la mer Morte. L’assèchement dramatique du lac a transformé la région en une zone lunaire, rongée par le sel. Celui-ci, ramassé à même le sol du désert, est ensuite utilisé par l’artiste dans son atelier pour fossiliser ses tirages et leur conférer une qualité sculpturale. À la fois image et composant structurel, il fait scintiller l’œuvre en même temps qu’il la fige, rappelle le caractère vivant de la matière minérale aussi bien que sa beauté hiératique, suggère un paysage à contempler et un écosystème menacé.
JONAS KAMM
FOLKWANG UNIVERSITÄT DER KÜNSTE, ESSEN, ALLEMAGNE
Né en 1990 à Bad Reichenhall, Allemagne. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.
LES HABITANTS
La série Les Habitants résulte d’un processus de production hybride, à la croisée de l’architecture, de la sculpture et de la photographie.
Ces images – des rendus bidimensionnels issus de l’espace virtuel 3D – prennent naissance dans un espace initialement modélisé par l’artiste au moyen d’un logiciel informatique. Kamm sculpte ensuite des figures à l’aide d’outils virtuels et d’une texture qu’il a d’abord « prélevée » photographiquement dans son environnement physique. Une fois les figures réalisées, le programme, imitant les outils de la photographie, permet à l’artiste de choisir un angle et, parmi un spectre de possibilités quasi illimité, de régler ses sources lumineuses, sa focale, son ouverture, etc. Les figures de Kamm, vaguement anthropomorphiques, sont comme des médiateurs flottant entre monde réel et monde dématérialisé.
La réduction qui caractérise ces images, l’indécidabilité de leur statut font d’elles les vecteurs de récits non formés, les porteurs d’un sens potentiel mais encore imprécis, mystérieux, ouvrant un espace que nous sommes invités à remplir.
ÉGLISE DES FRÈRES PRÊCHEURS
4 JUILLET – 29 AOÛT 2021
10H00 – 19H30