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Arles 2021 : Le Questionnaire : Arthur Mettetal par Carole Schmitz

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ARTHUR METTETAL : LA PASSION EN HÉRITAGE

Historien, spécialisé en histoire économique et patrimoine industriel, Arthur Mettetal s’intéresse  depuis plusieurs années aux traces matérielles et immatérielles de l’industrie et mobilise le médium photographique dans chacun de ses projets. Après avoir travaillé en immersion sur la mémoire ouvrière du site Metaleurop en 2011, il conduit une réflexion sur la place des cheminées d’usines dans les paysages urbains et ruraux du nord de la France en 2015. Co-commissaire de plusieurs expositions documentaires (Usine des mémoires, Signal industriel), il est actuellement administrateur-directeur du Fonds de dotation Orient Express et conduit parallèlement une thèse sur le thème « Histoire et mise en valeur patrimoniale de l’Orient Express : du XIXe au XXIe siècle »

A l’occasion des Rencontres Photographiques d’Arles, ce passionné d’images et co-commissaire de l’exposition « Orient Express & Cie »,  a accepté de se prêter au jeu de notre « Questionnaire ».

 

Votre premier déclic photographique ?

Arthur Mettetal : Je crois que mon premier déclic a été provoqué par une photographie de Chris Killip, Youth on wall jarrow tyneside (1976). A l’époque, j’étudiais l’histoire industrielle et économique de l’Angleterre. Cette image m’a profondément marqué en tant que synthèse sensible des conséquences dramatiques de la désindustrialisation et de la politique des années Thatcher. Elle est pour moi le symbole d’un monde qui disparaît. C’est avec elle que j’ai commencé à m’intéresser à la photographie documentaire.

L’homme d’images qui vous inspire ?

Arthur Mettetal : Définitivement Raymond Depardon. D’abord parce qu’il est un photographe et un cinéaste du temps long. En tant qu’historien, nous partageons en effet cette approche particulière de la temporalité. Ensuite, c’est aussi sa manière de parcourir les territoires, ou plutôt de les arpenter qui fait sens. Il est autant photographe qu’anthropologue et ethnographe. Enfin, les sujets qu’ils portent me touchent, tout particulièrement son travail sur le monde rural et l’univers de la psychiatrie.

Celle qui vous a le plus ému ? 

Arthur Mettetal : Il ne s’agit pas d’une image isolée, mais plutôt de la démarche du photographe Samuel Gratacap qui associe arts visuels et photojournalisme. Depuis 2007, il s’intéresse aux migrations et leurs liens avec les différents conflits contemporains. Il s’agit d’une approche par le territoire et au travers de l’humain. Plus que l’émotion que ses images suscitent, c’est bien leur dimension résolument politique qui interpelle. Son travail est essentiel.

Et celle qui vous a mis en colère ?

Arthur Mettetal : Des images qui m’ont mis en colère…il y en a beaucoup malheureusement. Je pense instantanément au reportage de Tommaso Protti réalisé en Amazonie en 2019 et pour lequel il a reçu le prix Carmignac. Ses images d’un déclin provoqué et inexorable de la forêt amazonienne, non seulement essentielle pour l’humanité, mais aussi pour ses habitants, ne peuvent que révolter.

Une image clé de votre panthéon personnel ?

Arthur Mettetal : C’est une photo de famille prise au polaroid à 10 ans. Elle fixe un instant particulier et des personnes qui me sont très chères. Elle ne m’a jamais quitté et trône sur mon bureau à portée de vision.

La qualité nécessaire pour être un bon photographe ?

Arthur Mettetal : Je ne me prononcerai pas. Il faut poser cette question à un photographe 🙂

Un livre photo indispensable ?

Arthur Mettetal : Le livre quest for identity du photographe Ziyah Gafic ! Le photographe y questionne notre rapport à la mémoire d’un évènement dramatique, la guerre de Bosnie-Herzégovine qui a eu lieu entre 1992 et 1995. Durant ce conflit, plusieurs dizaines de milliers de civiles ont en effet été tuées, en grande majorité par des Serbes. Le photographe s’est attaché à photographier les objets portés par eux au moment de leur exécution, créant un ensemble d’archives visuelles et documentaires à destination des survivants. Restitués aux familles, les objets constituent la preuve de leur disparition. Son travail montre à quel point les photographies, une fois classées et inventoriées, constituent une trace essentielle qui participe à la sauvegarde et la transmission d’une mémoire.

L’appareil avec lequel vous prenez des photos aujourd’hui ?

Arthur Mettetal : Mon téléphone… ce n’est pas très original ! J’aurais plutôt dû dire « un Leica ».

Votre drogue favorite ?

Arthur Mettetal : Le biathlon ! Pour rappel, il s’agit d’une combinaison entre ski de fond et tir.

La meilleure façon de déconnecter pour vous ?

Arthur Mettetal : Je pense que tout le monde devrait au moins une fois dans sa vie se rendre dans le Jura : c’est un paradis terrestre où la déconnexion est totale. En même temps, je ne suis pas très objectif…ayant grandi là-bas.

Votre plus grande qualité ?

Arthur Mettetal : Je dirais que je suis un passionné…ce qui peut aussi me desservir.

Une image pour illustrer un nouveau billet de banque ?

Arthur Mettetal : Le portrait d’Emmanuel Macron réalisé par Soazig de la Moissonnière…

Le métier que vous n’auriez pas aimé faire ?

Arthur Mettetal : Scaphandrier…je ne suis pas très travaux subaquatiques et un peu claustrophobe.

La ville, le pays ou la culture que vous rêvez de découvrir ?

Arthur Mettetal : J’aimerais beaucoup découvrir la Russie sur le temps long. Le Transsibérien représente sans doute un bon moyen de le faire, à condition de s’arrêter pour de nombreuses étapes. Je ne pouvais quand même pas ne pas parler de train !

L’endroit dont vous ne vous lassez jamais ?

Arthur Mettetal : Mon vélo et tous les endroits qu’il me permet de découvrir !

Instagram, Tik Tok ou snapchat ?

Arthur Mettetal : J’aime beaucoup Instagram ! Je l’utilise vraiment comme un carnet de bord.

Couleur ou N&B ?

Arthur Mettetal : Noir & blanc, c’est mon côté archives !

Lumière du jour ou lumière artificielle ?

Arthur Mettetal : Lumière du jour !

La ville la plus photogénique selon vous ?

Arthur Mettetal : Sans hésitez : Istanbul ! Cette ville est absolument magique, c’est un véritable tourbillon qui donne le vertige et à l’esthétique unique. Pour moi, elle est vraiment l’un des centres du monde qui ne peut laisser indifférent et qui appelle l’image. Et puis c’est également le terminus d’un célèbre train…l’Orient-Express !

 

INSTAGRAM : arthur_mettetal

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