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Arles 2021 : Christian Ramade : Mémoire d’Hotel – Germaine et le Nord Pinus

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Ce sujet par Christian Ramade est un cadeau a tous les dinosaures, les survivants et les nostalgiques du festival d’Arles des années lointaines .

Ce festival était bordélique au delà de toutes limites, d’un amateurisme hallucinant, d’une mauvaise foi éhontée mais un prodigieux point de rencontres folles, improbables et sublimes.

Un endroit où cette secte surprenante jouissait sans entraves de cette nouvelle religion qu’elle avait révélée : La Photographie .

Sur la place du Forum, Germaine la propriétaire du Nord Pinus veillait 18 heures par jour a la porte de son hotel fermé. De temps en temps, un mal élevé tentait de  la faire parler de la photo mythique de Newton et Rampling.

Il était aussitôt éconduit !

Un autre endroit était aussi mythique, juste à côté : l’hotel du Forum avec son propriétaire Fred Ogier. Il est le seul qui aurait pu dire j’ai vu les seins de toute la photographie française voire mondiale et c’est vrai

Toute la gente feminine du monde de la photographie venait au Forum : sa piscine était un rêve.

Jean-Jacques Naudet

 

Christian Ramade : Mémoire d’Hotel – Germaine et le Nord Pinus

Arles, juillet 1986 les Rencontres Internationales de la Photographie sont en effervescence. Alain Desvergnes alors directeur de L’Ecole Nationale de la Photographie me propose de réaliser un reportage sur l’ancien l’hôtel Nord Pinus, en échange d’une exposition à la Galerie Aréna. L’hôtel, fermé depuis quatre ans, abrite encore son ancienne propriétaire Mme Bessière, plus connue sous son nom d’artiste: Germaine Gilbert; elle y vit en recluse avec ses chats et son chien Warum.

En septembre je décide d’investir les lieux. Je m’équipe de deux boîtiers (argentiques à l’époque) : un Pentax 6X7 et un Leica R avec une batterie de grands angulaires, un solide trépied, quelques boîtes de Chocolats de Puyricard pour Germaine et surtout un tournevis, des douilles et un sac plein d’ampoules de toutes sortes afin de retrouver l’ambiance et l’éclairage originels.

Deux jours intensifs hors du temps, dans le labyrinthe des corridors et la poussière des chambres, en une marche aléatoire où chaque image sera un haïku. Quelques jours plus tard je présente les images à Alain Desvergnes qui est emballé mais qui me réclame « l’indispensable » portait de Germaine. J’ai beau lui dire que je me refuse à photographier les êtres humains, que je ne suis pas un entomologiste, il reste intraitable. Je retourne à l’Hôtel une dernière fois ; une photo de Germaine en noir et blanc prise il y a 50 ans vient à mon secours, mettant la vraie Germaine en abîme. C’est sans conteste le meilleur portrait que j’aie réalisé… puisque c’est le seul!

Le 15 janvier 1987 le plan Orsec est déclenché, Arles est sous trente centimètres de neige. Le vernissage a quand même lieu en présence de Germaine qui lève sa coupe de champagne en criant: « J’ai 20 ans »! Elle s’est éteinte trois semaine plus tard dans sa chambre bleue du premier étage.

Christian Ramade

 

“Un hôtel qui a une âme” (Jean Cocteau).

Ces photographies furent réalisées à l’automne 1986 et exposées à la Galerie Aréna (Ecole Nationale de la Photographie d’Arles) en janvier 1987 et aux Rencontres d’Arles en 1988.

Germaine est décédée dans son hôtel deux mois plus tard début mars 1987.

Parisienne d’origine, Germaine dirige cet hôtel Arlésien qui a accueilli depuis un demi-siècle les plus grands toreros et des artistes célèbres. Chaque chambre garde l’empreinte de ces personnages : la chambre de Dominguin, celle de Mistral, de Cocteau, de Trenet ou de Fernandel. En 1973 Helmut Newton y photographie Charlotte Rampling dans le petit salon.

Au début des années 1980 l’hôtel est fermé mais Germaine, octogénaire, ne peut se résoudre à le quitter. Le charme qui attirait il y a bien longtemps Cocteau et Picasso lorsqu’il venaient à une corrida est toujours présent pour Christian Ramade et c’est une invitation à une ballade dans une autre époque à laquelle nous convie le photographe avec ses images sur « Germaine et le Nord Pinus »

 

Des photographies de Germaine sont actuellement exposées à Arles tout le mois de juillet à coté de l’hôtel dans une galerie sise au 27 rue de l’hôtel de ville, un livre est en vente chez Actes Sud.

www.rencontres-arles.com

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