La pauvreté, dans ce qu’elle a d’universel, semble immédiatement compréhensible et, pourtant, en tant que problème mondial, ses solutions restent éminemment complexes.
Pour illustrer ce que signifie le fait de vivre sous le seuil de pauvreté, Chow et Lin, inspirés par les travaux d’Esther Duflo, ont parcouru 200 000 kilomètres de 2010 à 2020, soit trente-six pays et territoires, sur cinq continents. Sur les marchés locaux, ils ont acheté légumes, fruits, féculents, aliments protéinés et en-cas, tout ce que le montant du seuil de pauvreté défini par chaque gouvernement leur permettait d’acquérir. Ils ont ensuite photographié chacun des aliments disposés sur une page de journal local acheté le jour même. Avec la typologie photographique pour outil, ils ont soigneusement étalonné l’éclairage, la distance de prise de vue afin de privilégier une certaine uniformité dans le temps et la répartition géographique.
Ils se sont alors lancés dans une comparaison économique entre pays et ont sélectionné neuf aliments disponibles dans la plupart des économies évoquées, illustrant ainsi la mondialisation de la production et les variations de prix et de consommation.
Cette étude est enrichie de deux essais écrits par trois économistes européens pour éclairer les définitions du seuil de pauvreté : John Micklewright, professeur émérite à l’École de sciences économiques de l’université de Londres, Andrea Brandolini, directeur du laboratoire de recherche Économie et Statistique de la Banque italienne, et Lucas Chancel, codirecteur du laboratoire World Inequality Lab à l’École d’économie de Paris.
Armida Salsiah Alisjahbana, secrétaire générale et exécutive de la Commission économique et sociale des Nations unies pour la région Asie et Pacifique, nous explique par ailleurs les enjeux du programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le premier des dix-sept objectifs est de mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes.
Le cœur du travail artistique de Chow et Lin, lauréats du Luma Rencontres Dummy Book Award Arles 2019, s’appuie sur la méthodologie statistique, mathématique et informatique, qu’ils appliquent depuis 2009 à des problèmes mondiaux.
Leurs travaux ont été exposés au musée d’Art moderne de Tbilissi (2013), à l’Académie centrale du musée des Beaux-Arts de Pékin (2015), au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (2017), à LianzhouFoto (2017), à Getxo Photo (2018), au musée de l’université nationale de Singapour (2018), aux Nations unies à Bangkok (2019), à la FotoFest de Houston (2019) et aux Rencontres de la photographie d’Arles (2021).
Une exposition éponyme aura lieu dans le Jardin des voyageurs du 4 juillet au 26 septembre à l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles 2021.
Chow & Lin : Le Seuil de pauvreté
Textes de John Micklewright, Andrea Brandolini, Lucas Chancel et Armida Salsiah Alisjahbana.
Format : 22 x 29 cm / 472 pages / 36 €