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Arles 2017 – Votre parcours « photographie du réel »

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Les Rencontres d’Arles permettent d’explorer la variété des langages documentaires, depuis les missions d’explorations à l’intention clairement affichée jusqu’aux travaux ou l’image est le support abstrait d’une investigation fastidieuse.

Pour ceux qui arrivent de la gare, la visite commence par l’exposition de Mathieu Pernot a la Maison des Peintres. Réalisée en deux temps, en 1995 et en 2013, sa série Les Gorgan fait le portrait d’une famille Rom, mêlant les temporalités, les archives et l’appareil documentaire afin de dresser une brève histoire de la communauté. En associant les clichés anthropométriques de leur fichage dans un camp de concentration aux portraits de famille réalisés a presque vingt ans d’écart, il rend visible les réprouvés et pointe la cruauté des politiques sociales.

Les autres commenceront directement par les Ateliers SNCF, pour traverser en deux lieux et cinq expositions le champ des possibles. L’atelier de Mécanique présente une exposition historique des travaux de la DATAR. Dans la tradition de la Mission héliographique – ou même des commandes des sultans ottomans curieux de connaitre leur vaste empire -, cette commande photographique faite à une trentaine de photographes visait à « représenter le paysage français des années 1980 ». L’originalité de l’exposition tient à la présence d’archives personnelles inédites permettant de décortiquer l’envers de la production de ces images mythiques.

Dans le même bâtiment, l’exposition du Prix Découverte présente deux travaux repoussant les limites du documentaire. Chercheuse autant qu’artiste, Mari Bastashevski démantèle les relations qu’entretiennent les gouvernements et les acteurs du commerce lié aux conflits internationaux. Ainsi, tandis que le photojournalisme observe les événements mondiaux dans leur volatilité, Bastashevski enquête sur les manières dont le vide informationnel préservé autour de ces lieux par les élites privilégiées soutient cette industrie. Pour appuyer son argument, elle utilise la photographie d’une manière formelle et non stylisée, en faisant un outil de nomenclature dépourvu de sensationnalisme. A ses côtés, Guy Martin dénonce les manœuvres despotiques de Tayip Erdogan, en Turquie, avec une esthétique flirtant avec la fiction.

A la porte voisine, au Magasin Electrique, sont présentées deux expositions établissant le même parallèle – une enquête topologique collective face à une investigation journalistique où l’image se détache des impératifs médiatiques. La première, sous le titre Levitt France, Une Utopie Pavillonnaire, revient sur un projet ambitieux mené au début des années 1970 avec la construction de villages à l’américaine en Île-de-France. Une vision d’un mode de vie appréhendé entre 1973 et 1993 par cinq photographes. L’exposition qui lui répond est celle de Mathieu Asselin, une enquête sur l’hégémonie de la compagnie Monsanto sur l’agriculture, leader des OGM qui poursuit son expansion malgré ses entraves aux droits de l’homme et à la santé de la planète.

Il sera après cela temps de déjeuner des produits sains et locaux, comme à la Caravelle, à deux pas des quais, qui fait des tellines sa spécialité. De là, le parcours documentaire se poursuit à la Commanderie Ste-Luce toute proche, pour voir la Syrie du jeune photojournaliste Samuel Gratacap, « Fifty-fifty ». Sous le commissariat de Marie Sumalla, éditrice photo des pages internationales au Monde qui lui a fait confiance dès ses débuts, l’exposition rappelle l’échelle globale de la guerre, depuis les combats locaux jusqu’à la population qu’ils déplacent. L’ensemble, dans un langage nuancé, est avant tout une recherche sur la représentation des enjeux géopolitiques.

C’est un autre conflit qu’aborde la prochaine étape du parcours – celui qui déchire l’Ukraine -sous la forme d’une conversation entre Guillaume Herbaut et Eleonore Lubna. D’un côté, le front, de l’autre, les portraits des habitants qui ont fui. Le tout au Palais de Luppé, ou est également présenté le travail d’Alex Majoli, qui depuis ses débuts ne cesse de renouveler son style pour redéfinir le photojournalisme, allant jusqu’à théâtraliser la réalité pour mieux l’incarner.

Et pour finir la journée avant l’apéro sur la place du Forum, la dernière escale est à la Salle Henri-Comte, pour une visite du maître américain de la photographie couleur et des rues, Joel Meyerowitz, le tout en tirages originaux.

Laurence Cornet

Laurence Cornet est journaliste spécialisée en photographie et commissaire d’exposition indépendante. Elle partage sa vie entre New York et Paris.

Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Arles, France

www.rencontres-arles.com

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