Sylvie Lécallier est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie (1993). Depuis 2000, elle est chargée de la collection photographique Galliera, Musée de la Mode de la ville de Paris. Ce fond conséquent (50.000 images) et spécialisé, rassemble aussi celui du photographe de Vogue Henry Clarke. Commissaire de l’exposition Henry Clarke photographe de mode (2002), puis des expositions de mode Ouverture pour Inventaire (2004), de Gallierock par J.C. de Castelbajac (2007) et co-commissaire de Madame Grès la couture à l’oeuvre au musée Bourdelle (2011), elle est aussi l’auteur du catalogue Henry Clarke.
“Après des études de lettres, je suis entrée à l’ENP. J’avais 19 ans et j’étais attirée par la photographie. Durant les trois années une envie est née : celle de travailler avec des acteurs de la photographie plutôt que de la pratiquer. Il s’agissait d’un vraie décision, pas de choix par défaut. L’approche d’Anne Cartier-Bresson sur la conservation et la restauration m’a séduite.
L’envie s’est révélée en regardant des images, la dernière année je me suis retrouvée être l’une des commissaires de l’exposition de la promotion.
Nous étions ouverts à diverses pratiques photograhique et à travailler avec des images.
La culture visuelle avait une place très importante. J’ai dû suivre des cours en histoire de l’art et et en photographie. Si c’était à refaire aujourd’hui, mon désir serait le même.
Je pense cependant que l’ouverture devrait être plus importante. Nous vivons un peu trop en vase clos pendant ces trois ans.
Une formation à la culture visuelle et à la lecture de l’image devrait être enseignée au collège. C’est ce qui manque vraiment à ce niveau, d’autant que nous baignons aujourd’hui dans un monde d’images. Arles m’a fait prendre conscience de cela.
En regard de l’exposition, j’avais ce projet de montrer des images autour de la représentation, du mannequin, du modèle. Cette idée est venue à force de travailler sur la collection du Musée Galliera. La photographie a une place cruciale dans le monde de la mode et des couturiers alors que le corpus de mes collections étaient quant à elles des images de femmes et de mannequins, avec ses problématiques.
Cela a coïncidé avec l’anniversaire de l’école et le fait que le musée soit à l’affût de faire des expositions hors les murs.
Mannequin, le corps de la mode
“Le mannequin est l’un des rouages essentiels de la diffusion des maisons de couture et des marques de prêt-à-porter. Reproduit à l’infini et créé par et pour la mode, il incarne les contradictions d’une industrie dont l’une des principales activités est de produire des images.
Le mannequin vivant a pour fonction de porter les modèles des dernières collections devant les clientes comme devant l’objectif. Défini comme un idéal féminin de beauté et de jeunesse, il est représenté avec une perfection toute artificielle qui a pour but de séduire. Formaté, dupliqué dans des poses mécaniques, façonné par le maquillage ou par la retouche, produit de son époque, corps modèle, le mannequin répond à des normes physiques et esthétiques qui, pour vendre du rêve, laissent peu de place à la singularité ou au réalisme.
Ce sont les femmes de la haute société et les actrices qui, depuis le début du 20e siècle jouent, sans discontinuer, les icônes de mode. Révélées par les couturiers ou les photographes, elles sont leurs créatures, leurs muses. Célèbres, devenues stars, elles font vendre du papier glacé. Du mannequin anonyme à la cover-girl, du portemanteau au sex-symbol, du top model à la girl next door, les ambivalences du mannequin de mode sont au coeur de corpus photographiques qui interrogent sa valeur marchande, esthétique, humaine, ainsi que ses stéréotypes. En réunissant des images pour la plupart issues des collections de Galliera, cette exposition propose une histoire de la photographie de mode du point de vue du modèle et non plus seulement du photographe.” (Sylvie Lécallier)
L’exposition a été réalisée en collaboration avec le musée Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Samantha Rouault et Wilfrid Estève