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Antonio Denti

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The Long Way Home / Le Long Chemin du Retour
(More Than Survivors) / (Plus que des survivants) Cité du Vatican (2022)

 »The Long Way Home » est une histoire de survie profonde. Au début d’avril 2022, diverses délégations d’Autochtones canadiens se sont rendues au Vatican pour demander les excuses du pape François pour les terribles abus qu’ils ont subis dans les pensionnats canadiens gérés par l’Église.

Lorsque l’an dernier, des archéologues ont découvert environ 200 corps dans des tombes anonymes près de l’une des écoles, l’attention s’est violemment reportée sur ce qui est considéré comme l’un des chapitres les plus honteux de l’histoire du Canada : des années 1880 à la majeure partie du XXe siècle, plus de 150.000 enfants indigènes auraient été enlevés de force à leurs parents et internés dans les soi-disant pensionnats dans le but de les  »assimiler » et de les  »christianiser » en coupant leurs liens avec leurs parents, leur communauté, leur culture , langue et tradition.

C’était quelque chose de voir des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuits, fièrement vêtus de costumes traditionnels, attendre tranquillement sous la colonnade de Saint-Pierre que leurs dirigeants sortent après avoir rencontré le pape.

Des siècles auparavant, au milieu des années 1600, lorsque les près de 300 colonnes massives qui composent la colonnade étaient érigées selon le projet révolutionnaire du maître baroque italien Gianlorenzo Bernini, de l’autre côté de l’océan, la France et l’Angleterre se disputaient le colonial domination du Canada, envoi de colons, propagation de maladies, expropriation de terres. Alors que Bernini construisait une colonnade censée symboliser l’étreinte de l’église pour tous les peuples du monde, pour les peuples autochtones canadiens, une histoire tragique de violence de la part des Européens commençait et mènerait éventuellement à la création des pensionnats pour ‘sauvages’.

Sous ces colonnes, quatre siècles plus tard, l’histoire était arrivée à un moment de jugement.

Le pape – lors de la réunion – a prononcé les trois mots que ces gens attendaient depuis des décennies : je suis désolé.

Les trois mots ont déclenché des larmes, des rires, des chants et des danses chez les Indiens au cœur du christianisme – Basilique Saint-Pierre

La violence et l’intimidation peuvent détruire une personne. Réduisez-le à la soumission. Lâchez-le. Mais la violence et le harcèlement peuvent aussi avoir l’effet inverse : ils peuvent faire jaillir la révolte, lui donner la force de se trouver et de s’affirmer.

C’était la principale leçon de ces journées que j’ai passées avec les peuples indigènes au Vatican. La plupart d’entre eux étaient sortis des pensionnats perdus et détruits. Puis ils ont réagi et ont commencé à se reconstruire en remontant aux racines de leur identité, de leur culture et de leur langue. Ils l’ont maintenu en vie comme une bougie allumée dans le vent, contre toute attente, contre l’histoire, la violence d’État, le colonialisme. Et ils l’ont maintenu vivant de la manière la plus forte possible : dans leur être, à l’intérieur d’eux-mêmes. Ils sont devenus une version plus forte de ce que le système des pensionnats voulait exactement effacer.

Ils ont plus que survécu.

Et c’est aussi une leçon pour les auteurs de violence et d’intimidation. Comme nous le voyons dans d’autres cas, leurs tentatives peuvent déclencher une réaction qui rend les victimes plus fortes et conduire au résultat inverse de ce qu’elles avaient prévu avec leur agression.
Antonio Denti

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