La photographe Anne-Cécile Paredes et la classe de 6eme 1 du collège Anatole France de Cadillac (Gironde) ont mené le projet « Nouvelles déesses, nouveaux dieux » ensemble. Chacun élève a imaginé un dieu ou une déesse lui correspondant, incarnant « ses pouvoirs, ses qualités et ses faiblesses et sa nécessité ».
Dans ce film produit par la compagnie OLA, l’élève narre ce que représente son dieu. On retrouve des dieux dans le droit héritage des parangons grecs comme Athlétus « Dieu du sport » qui « punit les paresseux, allume la flamme olympique » et qui rêve de « battre Athéna à la course » ; des dieux propres à leurs temps comme Natura ou Matigna, chantres du combat écologique et de la protection de la planète ou Justicia et Spirale, qui toutes deux combattent des formes d’injustice, de méchanceté en plaçant en leurs cœurs les combats féministes ; d’autres encore plus sentimentaux, avec l’amour de prime abord ; ceux gardiens des temples artistiques, du dessin comme des cordes à gratter ; et puis les plus loufoques…
Ainsi ce Dieu des racailles qui comme une promesse efface la timidité… ce Dieu du Temps qui en a gros contre les mauvais perdants… cette Déesse qui « rend malade pour ne pas aller au travail, à l’école, au collège. Elle rend service au gens pour rester au lit et glander ». Et peut-être la plus essentielle de tous, Fêtinha, la Déesse « qui fait faire la fête aux gens pour ne pas qu’ils s’ennuient […] S’amuser, jouet et… danser. Ça a toujours été important ». Ce pourrait être le mot de la fin, sinon une devise républicaine à faire frapper sur les devants de nos écoles.
Au-delà de l’apparente drôlerie du projet, les portraits d’Anne-Cécile Paredes mettent en scène un Olympe dans des costumes fabriquées maison. Ces portraits rappellent les jeux de l’enfance, quand un bout de tissu et un mètre d’imaginaire suffisaient à broder des histoires longues comme l’après-midi. Ces images donnent tout simplement à voir l’étendu de l’imaginaire propre à l’adolescence. Si certains Dieux et Déesses se recoupent, que certaines inquiétudes ou pouvoirs ressortent et s’entrecroisent, il y a finalement dans cet ailleurs un Dieu pour tout. Il se dégage des habitudes — celui qui fait du judo, celle qui s’apaise avec la musique — comme des manières de s’affirmer, de s’effacer, de s’oublier. Ce sont des petites portes ouvertes sur leur intimité, et plus vaste encore, sur leurs mondes.
« Nouvelles déesses. Nouveaux Dieux »
Une projet de la photographe Anne-Cécile Paredes.
Photographie : Anne-Cécile Paredes et Sophie Fougy
Pièce radiophonique : Johann Mazé
Réalisation du film : Compagnie Ola, 2021.