Andy Romanoff est notre correspondant depuis 7 ans à Los Angeles. C’est un étonnant personnage : photographe, passionné de motos, proche du cinéaste formidable qu’était Nicholas Ray, il représente tout ce courant libertaire qui a fait la côte Ouest. Aujourd’hui, alors que la photographie dévore tout, que l’image remplace le verbe, Andy suit la démarche inverse. Il privilégie le texte et paradoxalement surtout pour parler de la Photographie . Voici son dernier envoi accompagné d’une vidéo qu’il a realisé !
Jean-Jacques Naudet
« La pandémie s’éternise, alimentée par la politique, l’incrédulité et l’inconscience. En cherchant une histoire à raconter dans cet océan de tribulations, l’idée m’est venu de saisir ce que l’on pouvait ressentir dans les musées endormis. Mû par cette idée, j’ai cherché à la concrétiser mais les rebondissement qui eûrent lieu m’ont trimbaler de musée en musée, cherchant en vain mon histoire. En passant, j’ai commencé à penser aux musées, détenteurs du récit de nos triomphes, de nos échecs passés, de ce que cela signifiait ; et peu à peu, alors que je continuais à filmer, l’histoire s’est muée en un récit différent, bien plus vaste et complexe. Alors que la fin se précisait, que je pensais savoir de quoi relevait l’histoire, celle-ci a pris soudainement un tournant inédit en se changeant en une histoire à laquelle je ne m’attendais pas, mais que j’aimais.
Raconter une histoire, qui n’a, dès ses débuts, pas de fin évidente, est une chose que j’apprécie et que je savoure, précisémant quand survient cette fin. Un fois l’aventure achevée, la confusion et la détresse ressenti en cours de création font une bonne l’histoire. Cette histoire m’a fait réfléchir pendant un moment : je me suis longtemps demandé ce qu’elle signifiait, avant qu’elle ne se révèle. Et lorsque cela est arrivé, je fus frappé par la différence avec l’histoire initialement entamée. Comme c’est merveilleux quand une histoire se raconte d’elle-même, et qu’elle accouche d’une surprise.
Une dernière pensée… pour toutes ces images oubliées ou laissées pour compte. Je les aime comme mes enfants, mais il faut choisir, et certains d’entre elles m’aident à mieux raconter une histoire. Et quand je photographie, je réfléchis à ces images qui finiront par être montées, je retiens fréquemment des fragments, des éléments répétitifs avec l’idée qu’ils pourront être montés pour trouver leurs signification finale. Je me suis dit qu’une fois après avoir vu la vidéo, vous aimeriez peut-être découvrir certaines de ces images, celles qui ne furent pas intégrées dans l’histoire. Les voici, ces laissées pour compte tandis que The Museums Are Closed — Life Goes on Dancing prenait forme ».