Pendant plus de trois décennies, Andres Serrano a repoussé les limites de ce qui était communément accepté en photographie. Son œuvre a choqué autant que séduit, par son imagerie équivoque prenant pour cible les relations interraciales, les valeurs communautaires, les sectes religieuses, le corporatisme, la sexualité et l’ordre politique.
Rappelant les tableaux religieux d’avant le 17e siècle, ses compositions défient le spectateur par le regard qu’elles portent sur l’histoire culturelle de notre propre vision, dans toute sa beauté radieuse et ses aspects si répugnants. Serrano mêle le mortel et le spirituel, le saint et le diabolique, la pureté et la souillure, laissant le chaos de l’existence charnelle empiéter sur le sacré comme sujet. En combinant des symboles paradigmatiques que les rituels historiques ont dissociés, ses photos brisent les tabous, tout en véhiculant une dissonance profonde et viscérale qui résonne en souterrain.
Aux côtés de celui de Mapplethorpe, le nom d’Andres Serrano s’est retrouvé au cœur de la guerre culturelle de 1989, lorsque sa photo Piss Christ (1987) a fait l’objet d’un débat national sur la liberté d’expression de l’artiste et le financement public de l’art controversé. Piss Christ, image éthérée d’un crucifix plongé dans l’urine de l’artiste, reste son œuvre la plus discutée et la plus incomprise à ce jour.
L’exposition intègre une sélection de photos issues de diverses séries, dont America (2001-2004), panorama de la société américaine, La Morgue (1992), enquête sur la mort, et Histoire du Sexe (2015), son travail le plus récent. Serrano a également pris en photo de nombreux autres sujets, dont le Ku Klux Klan, les sans-abris, et les fluides corporels.
Andres Serrano, Œuvres choisies, 1984-2015
Depuis le 7 janvier 2017
25 Broad Street
Kinderhook New York 12106
USA