Pays du rastafarisme et du reggae, la Jamaïque est paradoxalement l’un des pays les plus homophobes au monde. Héritage des lois coloniales et de l’église anglicane, l’homosexualité constitue encore aujourd’hui un délit passible de dix ans de prison. Les jeunes communément rejetés par leur famille vivent dans la rue et sont régulièrement victimes d’attaques, parfois meurtrières. Parmi eux, la communauté transgenre est la plus fragilisée. En mai 2016, je décide d’aller à leur rencontre.
Dans le ghetto de Kingston, je fais la connaissance de Micchi et ses amis. Ils sont jeunes, entre 16 et 22 ans, et vivent dans la rue ou au Kool Hotel. Ils sont transsexuels dans un des pays les plus homophobes. Héritage des lois coloniales et de l’église anglicane, l’homosexualité, aujourd’hui encore, constitue un délit passible de 10 ans de prison. Les jeunes sont souvent rejetés par leur famille, leur communauté et régulièrement victimes d’agressions, parfois meurtrières. Touchée par leur courage, leur capacité à enfreindre les règles et les codes moraux, j’ai voulu saisir la force qui les anime, leur détermination, leur courage, témoigner de leur volonté de s’affranchir du jugement de la société, de trouver leur identité. Le temps d’une journée et d’une nuit, j’ai partagé avec eux leurs rêves et désespoirs.
Mon travail s’achève et mon acte photographique est la réalité d’instants partagés. De ces rencontres, j’ai saisi des images et des situations, des histoires sans artifice, sans mise en scène. J’ai suivi des personnes qui luttent pour se sentir libres, être eux-mêmes, devenir ce qu’ils veulent dans un pays qui ne leur permet pas.
Mantovani Andrea
