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André Sas (1928-2020), génération Rolleiflex

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Le 2 avril 2020, à l’âge de 91 ans, le photographe André Sas est décédé à Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne). En octobre 2019, Mohamed Lounès, de l’agence Gamma, et Christian Ducasse, qui l’a connu à l’Association des journalistes reporters photographes, l’avaient trouvé encore l’œil pétillant.

Mais depuis le décès de Lucette, sa marseillaise de femme, il a vécu difficilement dans son appartement du Marais. Finalement, il s’est retrouvé en maison de retraite dans le Val-de-Marne.

Il était né le 26 septembre 1928 à Marseille. Au pays de la Cannebière il avait été boulanger avant que son oncle le photographe Louis Foucherand ne le fasse venir à la capitale. Il était devenu photographe et ami de Raymond Depardon.

André Sas est l’un de ces photographes que l’on voit sur les photos d’après -guerre, le Rolleiflex à la main, le flash prêt à éblouir Juliette Gréco et Miles Davis amoureux, Jeanne Moreau, la Callas ou de Gaulle…

« André Sas s’est faufilé dans les coulisses de l’Olympia, entre deux portes il l’a shootée » écrit Philippe Broussard racontant le concert de Billie Holiday en 1958 à l’Olympia [1].

« J’aimais beaucoup André Sas. » confie Hugues Vassal son collègue de l’époque. « On se voyait tout le temps à l’Olympia et j’ai regretté qu’il ne nous rejoigne pas au début de Gamma »

En fait André Sas a travaillé avec Raymond Darolle à l’agence Europress qui eut son heure de gloire dans les années 1960, puis il a été diffusé par Gamma et par Sygma. Il a également collaboré à une petite agence spécialisée dans la musique, Méphisto, avant de confier à Rapho ses archives que Raymond Grosset appréciait.

En 1975, il rejoint la rédaction du Journal du Dimanche et prend la direction du service photo jusqu’à sa retraite en 1996.

Parler d’André Sas, photographe, c’est se replonger dans la France des années 1950/1960. La France qui se reconstruit, qui savoure une liberté retrouvée. C’est une époque où les photographes indépendants sont peu nombreux, où la concurrence est rude car les quotidiens et les hebdomadaires ont encore beaucoup de photographes salariés à plein temps. Il faut être meilleur que les collègues de Paris Match ou de France-Soir, meilleurs que ceux de France Dimanche ou de L’Aurore…

Ils roulent en Peugeot 203, en Frégate Renault, viennent juste d’abandonner les appareils Gaumont à plaques de verre pour le Rolleiflex. Les téléphones sont rares et les artistes n’ont pas encore d’attaché de presse. Et il n’y a pas de caméra, ni de micro … Les photographes peuvent interpeller les vedettes de la chanson ou les politiques, même les plus grands, pour un sourire, un geste de la main …

Michel Puech

[1] « Vivre cent jours en un » de Philippe Broussard – Édition Stock (2015)

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