À l’occasion de la Berlin Art Week (semaine de l’art à Berlin), la galerie Kicken Berlin consacre sa présentation à André Gelpke, un artiste qui y avait déjà exposé en solo en 1974, année de création de la galerie.
Depuis les années 1970 et 1980, André Gelpke s’est approprié la place de chef de file exceptionnel parmi les photographes allemands. Avec Heinrich Riebesehl et Wilhelm Schürmann, il figurait à l’époque parmi les photographes artistiques indépendants et ambitieux les plus renommés, figures emblématiques de ce que l’on appelait « l’Autorenfotografie ».
Sous l’influence de son mentor Otto Steinert, qui fut son professeur à l’école artistique supérieure de Folkwang à Essen, entre 1969 et 1974, il mena une exploration intense et toute personnelle des êtres humains et de leurs milieux en adoptant un style objectif et documentaire. Son intérêt pour les thèmes sociétaux le mena vers des travaux photo-journalistiques ainsi qu’à la création de l’agence photo Visum, qu’il fonda en 1975 avec ses confrères Rudi Meisel et Gerd Ludwig. Dans ces œuvres, ses narrations empathiques sont modelées par un langage visuel propre qui honore de manière contemporaine le postulat de Steinert, qui voit dans la photographie une création subjective et artistique. Dans le même temps, André Gelpke formulait sa critique de l’utilisation abusive et manipulatrice des images journalistiques. Jusqu’au début des années 1980, ses œuvres sont en noir et blanc. Pour lui, ce choix lui permettait une focalisation plus aigüe sur l’essence des choses et en facilitait la formulation abstraite.
Dès 1970, ses premières séries concernaient des groupes en marge de la société, définis à la fois par leur apparence homogène et leur comportement ritualisé : travestis en Sicile, moines d’un monastère de la région d’Eifel, rockers et mauvais garçons dans les bars mal famés et les bordels de St. Pauli à Hambourg. Derrière les apparences faussement uniformes, André Gelpke tirait le portrait des individus. Son approche se situe à la fois dans le dialogue et la dialectique. Concentré sur la personne devant lui, le photographe mène une réflexion sur ses propres attentes en matière de perception et de représentation, ainsi que sur l’attitude stéréotypée qu’adopte la société pour s’accommoder d’un univers à deux vitesses et de l’exploitation. Sa séquence Sex-Theater, qui dut attendre 1981 pour être enfin publiée sous forme de livre, a récemment été rééditée. Elle documente l’époque maintenant révolue des « productions burlesques », dont les protagonistes s’exprimaient au travers d’interviews. Parmi les autres thèmes continuellement explorés entre 1980 et 2010 se trouvent différents événements, fêtes et rituels tels que bals, soirées, vernissages, carnavals, et concours de tirs, sous l’angle du comportement humain qu’ils génèrent. Ces œuvres sont désormais compilées sous le titre de « In Germany » (en Allemagne).
EXPOSITION
André Gelpke
19-09-2015 > 22-12-2015
Kicken Berlin
Linienstraße 161A
10115 Berlin
http://andregelpke.com
