Amman 2013: Festival de l’Image
# 3 – Macro & Me – Une édition qui fait date
En cette saison, l’arrivée du printemps n’est pas l’unique événement attendu des Jordaniens. Il est aussi celui qui voit la ville se transformer en un vaste champ visuel où expositions, projections et rencontres ont essaimé çà et là dans la capitale du royaume hachémite.
Pour la troisième année de suite, Amman célèbre la photographie et s’enorgueillit, un mois durant, celui de mars, de présenter son propre Festival de l’Image. Initiée par l’Institut Français, en partenariat avec la galerie Darat Al Tasweer, la Municipalité du Grand Amman, et, pour la première fois, Les Rencontres d’Arles, cette manifestation s’inscrit dans le paysage photographique du monde arabe comme l’une des plus importantes. Avec pas moins de vingt-cinq artistes représentés, la programmation a été dense et les festivités riches en couleurs. D’un bout à l’autre de la ville, et en particulier dans le quartier de Jabal Al Webdeh, où l’Institut français a élu domicile ; vernissages, publications, workshops et compétitions ont rythmé la vie de cette ancienne cité romaine, mobilisant à leur tour galeries, institutions et lieux publics.
Comme à chaque édition, plusieurs photographes français sont invités à participer à l’événement qui semble, d’année en année, fleurir à vue d’œil. Thierry Boët, Vincent Catala, Olivier Culmann et Jean Gaumy présentaient chacun, à l’instar des photographes jordaniens, une série de photographies en lien avec la thématique de l’édition en cours « Macro et Moi » qui, selon le directeur du festival, constitue l’opportunité d’explorer des concepts qui trop souvent ont tendance à nous échapper alors qu’ils déterminent de façon significative notre rapport au monde. La taille, la distance et le temps, comme bien d’autres notions, deviennent autant de prétextes à repenser ce qui nous entoure. En mettant à mal l’ensemble des critères sur lesquels nous avons pour habitude de nous appuyer et de nous entendre, en déplaçant le cadre convenu de l’observation, les photographes, venus parfois même du Liban, d’Amérique du Nord, de Belgique et bien entendu de Jordanie, nous livrent une vision qui tout à la fois nous affecte, nous bouleverse ou simplement nous traverse bien plus que nous l’aurions imaginé. En se soumettant à la problématique de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit, ils nous offrent aussi à voir une réalité complexe, inquiétante et souvent alarmante de l’état du monde. Le thème de l’édition précédente, « (Re) evolution », s’inscrivant dans une veine similaire, participait de cette même démarche à questionner, non plus uniquement une identité culturelle, religieuse ou politique donnée, mais bien à brasser largement la multitude des regards qui habitent notre monde. Ici, pourtant, la photographie ne jouit pas du même rayonnement que dans d’autres parties du globe. Il lui faut encore obtenir ses lettres de noblesse. Envisager ces photographies pousse à adopter une disposition particulière du regard et force à ne jamais établir de comparaisons hâtives. L’histoire de la photographie n’ayant pas effectué le même chemin, il serait plus qu’inopportun d’y apposer nos vieilles grilles de lecture usagées. La véritable chance, ici, réside dans l’étendue des possibles.
Tout reste encore à imaginer et à élaborer. Reste à penser ce que contient la censure au regard de l’Orient, quand ici, elle a davantage tendance à se frayer un chemin, à l’endroit même où nous pensions n’avoir plus rien à craindre.
Festivités
Nombre d’événements ponctuent ce mois de la photographie à Amman, dont une remise de prix qui vient féliciter et encourager la photographie jordanienne à s’émanciper. Sur cinq candidats présélectionnés concourant au titre, deux d’entre eux se sont vu décerner le prix d’honneur. Les photographes Rasha Amer et Mira Kleif ont respectivement obtenu les premier et second prix. Le travail de Hisham Sarsour a malgré tout pu trouver sa place aux côtés des deux lauréats, bien qu’il n’y eut pas de troisième prix de délivré. Le 26 mars dernier, la cérémonie s’achevait par une rencontre organisée avec le photographe français Jean Gaumy autour de la projection de sa série Pleine mer et de son film Sous-Marin.
Mais l’événement phare de cette année reste indéniablement la présence de « La Nuit de l’Année » sur place qui, en investissant huit lieux spécifiques du quartier populaire de Jabal Amman, contribue à établir un lien fort entre la France et la Jordanie via les Rencontres d’Arles. Un échange est prévu entre les deux festivals : cet été une présentation jordanienne de « La Nuit de l’Année » sera projetée dans le cadre du festival arlésien.
To be continued …
Fanny Lambert
EXPOSITIONS – Une sélection
• Thierry Boët I’m Here, du 1 au 31 mars, Institut Français.
• Vincent Catala L’île, du 16 au 31 mars, Dar al Landa Gallery.
• Olivier Culmann Watching TV, du 5 au 14 mars, Nabad Gallery.
• Jean Gaumy Pleine mer, du 17 au 31 mars, Hangar Electrique
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• Faridon Abida Expansion
• Muath Freij A Tale of innocence
• Eman Haram Iconographies
• Mohammed Nayef Jasmine nostalgia
• Zein Salti Woman of the globe
• Tufic Yazbek Retro, Collection from the Arab Image Foundation
• Rasha Amer Can’t swim, can’t breathe
• Mira Khleif In a world so large, yet feels so small
• Hisham Sarsour My shop is my world
AUTOUR DU FESTIVAL
La Nuit de l’Année des Rencontres d’Arles – projections
Rencontre avec Jean Gaumy – projections et discussion
Workshops avec Thierry Boët et inauguration du festival –
Workshops avec Vincent Catala et Julien Mignot – ateliers
Ouverture de la galerie-Cafe Fann Wa Chai, antenne de Darat Al Tasweer, maison de la photographie, et dedicace du livre de Mohammed Nayef.
PUBLICATIONS
– Vincent Catala – ‘The Island’, jordantimes.com/french-photographer-explores-cubas-emptiness-in-the-island
– A l’occasion de son 50e anniversaire en 2013, l’Institut Français de Jordanie collabore à la publication du livre Jasmine Nostalgia de Mohammad Nayef. A travers la photographie, cet ouvrage rend hommage au quartier de Jabal al Webdeh, colline culturelle de la capitale, qui abrite l’Institut français depuis un demi-siècle.
– Thierry Boët – Paris to Jordan’s open landscapes, jordantimes.com/french-photographer-escapes-crowded-paris-to-jordans-open-landscapes
Festival de l’Image – « Macro & Me »
Du 01 au 31 mars 2013
Amman, 11180,
Jordanie