Afin de donner une impulsion supplémentaire au festival, deux compétitions étaient organisées cette année en partenariat avec la Darat al Tasweer Gallery et Olympus. Un premier concours, the Open Photography Competition, concernait les photographes amateurs, l’autre, the Art Photography competition, les photographes professionnels. Le 26 mars dernier se tenait la remise des prix au grand Hangar Electrique en plein quartier de Rasaad Al Ain. Le jury, composé du directeur du festival Charles-Henri Gros, de la commissaire générale des expositions Linda Khoury ainsi que du photographe Mohammed Nayef, ont jugé les travaux des candidats selon quatre critères distincts : la pertinence face au thème, la composition, la technique et enfin l’esthétique générale. L’attribution finale des prix s’est décidée in fine lors d’une discussion avec les futurs lauréats.
C’est la série Can’t Swim, can’t breathe de la photographe Rasha Amer qui a remporté le premier prix. Un poisson mort tenu en laisse sert de leitmotiv à cette fable ludique et acidulée qui évoque l’irrémédiable conséquence de l’individu sur l’environnement. « Si nous étions conscients de l’impact positif dont chacun de nous est capable, serions-nous prêts à consentir aux compromis nécessaires ? » interroge-t-elle. Pour cette série, la photographe s’est mise en scène. On la retrouve invariablement le corps tronqué, adoptant systématiquement pour chacun de ses clichés, une posture que l’on pourrait qualifier de burlesque.
Dans un monde si grand, je me sens si petite est le sujet du second prix attribué à Mira Khleif qui propose une application rigoureuse, voire quasi littérale du thème. Paysages de carte postale se succèdent les uns après les autres quand au premier plan, semble surgir de la représentation tantôt un bras, tantôt un pied ou une main. Le kitsch est au rendez-vous ; la démesure l’est également. Welcome in a three-dimensional world ! semble affirmer la photographe à travers cette série ubuesque.
Bien qu’il n’y ait pas eu de prix annexe décerné cette année, faute de corrélation avec le thème, le travail d’un troisième candidat a pu néanmoins être exposé aux côtés des lauréats. Il s’agit de My shop is my world du photographe indépendant d’origine palestienne Hisham Sarsour.
A la façon des petits métiers d’Irving Penn, ce dernier signe une photographie élégante sur fond de décor brute. La lumière, léchée, plonge cette boutique dans une atmosphère sourde et poudreuse. « A l’extérieur de ma boutique, le monde est faux » explique ce commerçant tapi dans son antre. Un contraste en chasse un autre : à la fois refuge et écran de projection du monde, cette boutique se révèle aussi fragile que son propriétaire.
Pour célébrer l’événement, la soirée se poursuivait autour d’une rencontre avec le photographe français Jean Gaumy, invité d’honneur du festival. Ceci donnant lieu à de riches échanges entre le membre de l’agence magnum et les photographes jordaniens venus assister en nombre, à la projection.
Fanny Lambert
Festival de l’Image – « Macro & Me »
Du 26 au 31 mars 2013
Hangar Electrique
Amman 11181, Jordan