« L’Amérique latine ne serait-elle rien d’autre qu’une invention européenne ? », demande Olivier Compagnon dans son texte introductif à América Latina 1960-2013 (Thames & Hudson). Peut-être alors la question serait d’éveiller la conscience du public aux implications durables de la pensée colonialiste à une époque et dans un milieu où la « Destinée manifeste » n’est plus considérée comme une approche effective ou respectueuse des enjeux la politique internationale. Aussi, en face de l’hégémonie occidentale, une approche pan-latino-américaine de l’identité permet une plus grande centralisation du pouvoir politique dans une tentative pour créer un équilibre des forces.
América Latina 1960-2013 réunit le travail de plus de 70 artistes venus de 11 pays différents. Débutant en 1960, l’année suivant la révolution cubaine, les photographies présentées dans cette exposition nous dévoilent une période d’instabilité économique et politique et une succession de mouvements révolutionnaires et de régimes militaires, ainsi que de transitions vers la démocratie. Comprenant plus de 400 travaux photographies qui incluent des sérigraphies, des collages, des performances et des pièces vidéo, América Latina 1960-2013 est un ensemble de travaux contemporains organisés en six parties : le territoire ; la ville ; la résistance organisée ; la mémoire et l’identité ; les révoltes ; et les biographies.
Au fil du livre, on trouve des essais qui proposent une lecture contextuelle et curatoriale permettant de considérer les travaux dans le contexte de mouvements plus englobants dans l’art et la politique de différents pays partageant des expériences qui dépassent leurs frontières. En tournant les pages, nous découvrons un univers que nous croyions connaître, un univers chargé d’histoires et de mythes aussi vieux que le temps lui-même. Nous voyons des nations et des peuples à travers le regard de ceux qui les connaissent le mieux, ceux qui ont hérité de leurs malheurs et de leurs bénédictions et, en tant qu’artistes, ont reçu la charge d’y répondre, d’y réagir, d’y résister. Nous le voyons dans les photographies de Claudia Andujar, une photographe brésilienne née en 1931 en Suisse. Sa série est appelée Marcados, ce qui signifie « marqué » ou « étiqueté » en portugais, un titre rendu encore plus poignant par le fait que le père d’Andujar périt à Dachau pendant la guerre.
Lire la suite de l’article, dans la version anglaise de L’Œil.
http://thamesandhudsonusa.com/books/america-latina-hardcover/
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