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Alisa Resnik : One another, à l’Espace Jörg Brockmann

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« Alisa Resnik photographie la vie et son reflet, la fragilité, la grâce, la mélancolie, la solitude », nous dit Laura Serani, commissaire de l’exposition. La nuit est son univers poétique et les teintes sourdes de ses images nous transportent dans ce huis-clos à l’écriture si sensible.

« ICI LA NUIT EST IMMENSE », clame en grandes lettres rouges un tableau des 42 h du loup de Sarkis. Intrigant oxymore, qui peut sonner comme une promesse ou une menace.

One another pourrait être l’histoire d’une nuit unique et interminable qui unit Berlin et Saint-Petersbourg.

Une nuit sans fin qui ne connaît pas la lumière de l’aube, qui s’étend sur des villes désertes et glisse dans des intérieurs aux moquettes et banquettes usées où, sur fond de rideaux et papiers peints délavés, des personnages passent, ou bien posent, devant et pour Alisa Resnik.

Parfois dans l’abandon ou l’absence, parfois défiant ou ignorant l’appareil photo, les protagonistes semblent jouer une pièce où se mêlent histoires déjà vues et énigmes policières. Défile alors une succession de solitudes, de visages marqués, de corps blêmes, seuls ou entrelacés, en équilibre au bord d’un abîme ou figés dans un cauchemar où la neuvième porte pourrait s’ouvrir d’un moment à l’autre.

Alisa Resnik photographie la vie et son reflet, la fragilité, la grâce, la mélancolie, la solitude.

D’un univers qui respire inquiétudes et angoisses, elle restitue une image où l’on ressent surtout son empathie profonde avec les personnes et avec les lieux.

Lieux qu’elle affectionne, où elle récrée en jouant de l’obscurité et de la pénombre l’ambiance d’un vieux théâtre de quartier aux velours rouges ou les atmosphères à la David Lynch. Bars et couloirs d’hôtels vides, usines désaffectées, maisons qui semblent inhabitées malgré les fenêtres éclairées, arbres couverts de neige ou de guirlandes interrompent et rythment le cortège des portraits. Ses images, nettes, se passent du recours au flou, rare, pour devenir des visions étranges et poétiques.

Le monde d’Alisa Resnik s’est construit au fil du temps et résonne de ses voyages et de ses rencontres : entre Est et Ouest, entre avant et après la chute du mur de Berlin, en élaborant les expériences des workshops avec Antoine D’Agata et Anders Petersen, ou de la masterclass avec Giorgia Fiorio, ainsi que de sa rencontre avec la peinture classique en Italie.

Le spectre chromatique d’Alisa Resnik est fait des couleurs de l’obscurité, des rouges et des verts sombres qui absorbent les rares lumières et rappellent les tons tragiques du Caravaggio.

Ses damnés peuvent faire penser aux descentes aux enfers de D’Agata, son monde de la nuit renvoyer à celui du café Lehmnitz d’Anders Petersen à Hambourg, repaire d’alcooliques, marins et prostituées, mais, au-delà des références, le plus important dans le travail d’Alisa Resnik est cette écriture photographique envoûtante et capable de traduire une approche fusionnelle et tendre vers les personnes rencontrées et photographiées.

Ainsi, One Another ressemble au portrait d’un huis-clos qui protège et rassure, plutôt qu’inquiéter.

Enfin, il ressemble à un portrait de famille, d’un cercle familial un peu maudit, peut-être, mais où les liens demeurent.

Laura Serani

 
EXPOSITION
One Another, Alisa Resnik
Du 4 décembre 2014 au 20 février 2015
Espace Jörg Brockmann
32, rue des Noirettes, studio 526
Carouge, Genève
Suisse

Tél : +41 79 668 67 32

www.espacejb.com

http://www.alisaresnik.com

 

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