Rechercher un article

Alinka Echeverria, lauréate de la résidence BMW nous dévoile son projet au musée Nicéphore Nièpce

Preview

Depuis 2011 la résidence BMW au musée Nicéphore Nièpce offre la possibilité à un jeune photographe choisi sur dossier par un comité de sélection, de bénéficier d’un accompagnement de 3 mois par les équipes du musée, d’une dotation financière de 6000€ pour mener à bien son projet et des frais d’hébergements sur place. Les œuvres produites font l’objet ensuite d’une co-édition d’un livre aux éditions Trocadéro et sont présentées aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo, dont BMW est partenaire. Après Alexandra Catière, Marion Gronier, le duo Mazaccio & Drowilal, et Natasha Caruana, c’est au tour d’Alinka Echeverria de concrétiser son projet « Nicephora » à partir des archives du musée.

Qu’est ce qui vous a séduit dans cette résidence, alors que vous aviez déjà remporté de nombreuses expositions internationales et récompenses ?

Contrairement à une commande, de pouvoir prendre le temps de revenir à la question de la photographie dès son origine en s’inspirant de Nicéphore Nièpce et son acte fondateur. C’était l’opportunité également de réfléchir à partir de ma formation d’anthropologue à une méthodologie particulière du medium et ses inventions en prenant comme point de départ les codes de représentation de la femme à l’époque coloniale, synonyme de quête d’exotisme. 

Vous avez travaillé sur la notion de la représentation de la femme à l’époque coloniale et l’histoire des liens entre la photographie et la céramique, considérez vous votre travail comme militant ou en tous cas engagé ?

Oui en tant que femme mexicaine car je viens d’un pays colonisé et suis moi-même le résultat d’un métissage. Consciemment  ou pas, l’image de Serena Williams sur le vase (championne de tennis connue pour savoir recadrer les dérapages ! ) a finit par s’imposer comme la reconnaissance possible d’une femme forte et contemporaine.  

En quoi ce vase qui sera reproduit dans l’espace même d’exposition à Arles représente la cristallisation des enjeux de cette résidence ?

Il est le résultat de ce parallèle que je dessine entre l’histoire de photographie et celle de la céramique. Au départ ce sont des pièces uniques faites à la main tout comme les premières épreuves de Daguerre ou Talbot, puis cela devient un ready made, déjà vu, déjà programmé et en reproduction infinie, comme avec la céramique alors à vocation purement décorative. Les évolutions des deux se sont faites à chaque fois au service d’un besoin. Les rapports avec la philosophie (mythe de la caverne de Platon) m’intéressent également quand on interroge les images.

De plus, l’amphore grecque est le symbole du féminin et vecteur de métaphores mythologiques. La femme à travers la magie de son corps se transforme, comme les battements des ailes d’un papillon, à l’origine d’autres classifications trouvées dans les archives. Si nous souhaitons faire évoluer le regard sur la femme il faut nous interroger sur la manière dont nous avons été conditionnés à lire les images. C’est comme prendre conscience que nous devons déconstruire nos propres réflexes.

La visibilité offerte dans le cadre de la résidence à Arles et à Paris Photo est-elle un élément important à vos yeux ?

C’est l’aboutissement d’une longue recherche en solitaire, qui devient alors offerte au public.  Ma façon d’aller vers les autres alors que je me suis enfermée volontairement dans le musée pendant ces 3 mois. Ce regard et notamment celui d’autres photographes est déterminant.

Comment mesurez-vous déjà l’impact de cette résidence dans votre expérience ?

C’était la première fois que je travaillais avec une archive. Je pense que chaque fois il y a un contexte particulier dont il faut tenir et rendre compte. C’était comme une pause pour pouvoir réfléchir par moi-même et sans doute l’un de mes projets le plus personnel.

Prochaine étape : l’exposition  de « Nicéphora » aux Rencontres d’Arles 2016, marquant les 5 ans de la résidence dans un nouveau lieu, la Commanderie Sainte Luce en face du musée Réattu.

INFORMATIONS
En ce moment au musée :
L’ivresse du mouvement, Sport et photographie
Tous azimuts (acquisitions récentes et inédites)
Claude Iverné, photographies soudanaises 
http://www.museeniepce.com
http://www.bmw.fr

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android