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Alex Stoddard –365 days

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Vous avez pu lire depuis une semaine des nouveaux sujets sur la publicité, la photographie commerciale et appliquée. Séverine Morel vient de rejoindre la rédaction de La Lettre. Elle est acheteuse d’art indépendante, et a travaillé pendant plus de dix ans chez Métis et chez Rapho.

Alex Stoddard a 17 ans, il vit en Géorgie aux Etats-Unis et poursuit ses études de lycée. Repéré sur FlickR en début d’année, son travail a été révélé sur différents sites d’inspiration et de tendances.
Il y a peu, il a achevé la réalisation de son projet “365”, journal intime photographique, pour lequel il a réalisé une photo par jour, quasiment que des autoportraits.

A travers des situations simples, naturelles, allégoriques et savamment mises en scène, sa photographie est une quête existentielle, une métaphysique de l’adolescence dans laquelle il étire les limites du corps et de l’espace pour y exprimer ses angoisses, placer ses “concepts”, illustrer ses idées.
“365” est un travail étonnant de créativité, de profondeur et de poésie qui a remporté petit à petit un succès époustouflant sur FlickR : d’une soixantaine de commentaires au début lors de leur publication, ses dernières photographies obtiennent jusqu’à 340 commentaires, son vues par 19.325 personnes, et ont été 1.500 fois placées en favoris… un phénomène.

Alex Stoddard est un phénomène sorti de la “digital generation”. A tel point que Christophe Coffre, directeur de création de l’agence de publicité Euro RSCG C&O l’a choisi pour incarner le “Talent de demain” dans le magazine “Stratégies” : “Alex Stoddard a tout pour devenir LE PHOTOGRAPHE. Celui que toutes les marques de mode et de luxe vont s’arracher. […] Mais sa créativité et son côté décalé pourront aussi lui ouvrir toutes les portes de la publicité”.

Et Alex est loin d’imaginer la frénésie qui se profile autour de lui, même s’il ne désire que cela.

Pour parler davantage d’Alex Stoddard et de son travail, la meilleure chose que j’avais à faire était de vous retranscrire les échanges que j’ai eu avec lui dans lesquels il se raconte avec simplicité et sincérité.

Séverine Morel

« Mon projet « 365 » a été une épreuve. Je suis étudiant au lycée et au moment où j’ai commencé ce projet je n’avais que 16 ans. J’avais cours pratiquement toute la journée, ainsi qu’un petit boulot à temps partiel 4-5 jours par semaine dans un restaurant. Je n’arrive même pas encore à savoir comment j’ai trouvé le temps de faire une photographie par jour. Je suppose que je n’ai pas beaucoup dormi. De la mise en scène à la prise de vues et à l’éditing, j’ai dû passer environ 5 heures par jour sur ma séance photo. Je me suis simplement entièrement consacré à mon projet. Je n’avais jamais rien fini auparavant dans ma vie, je voulais donc me prouver que je pouvais le faire et faire de mon mieux.

Je suis entièrement autodidacte en photographie. Je n’ai jamais pris de cours. A l’automne 2009, j’ai commencé à faire des autoportraits (pour les réseaux sociaux comme Myspace et Facebook) avec le petit appareil compact que j’avais à ce moment-là. J’ai progressivement développé et étoffé mes concepts photographiques et commencé à considérer la photographie comme un art. J’ai ainsi appris en expérimentant et en tâtonnant. J’ai découvert les lumières qui marchent le mieux en passant des heures à explorer les forêts et des nuits blanches à essayer différentes techniques sur Photoshop. Deux ans après, j’ai toujours l’impression de ne pas savoir grand chose de la photographie. J’ai encore tant à apprendre et à développer, mais ça c’est ce qu’il y a de plus amusant.

La plupart de mes photographies sont des autoportraits. Non seulement c’est plus pratique, parce que je n’ai pas toujours un modèle sous la main, mais je sens aussi que c’est bénéfique à mon travail. Personne ne comprend mieux que moi les concepts que je m’efforce d’illustrer. Je suis le seul à pouvoir parfaitement réaliser l’expression que je désire, parce que c’est juste là dans ma tête. Je n’ai pas à m’inquiéter de la manière dont sera exprimée mon idée ou du risque qu’il y ait une déperdition de l’idée en tentant de l’expliquer à quelqu’un. Tous les modèles qui posent dans mon travail sont habituellement des amis ou des membres de ma famille.

Lorsque j’ai fini « 365 » cet été, j’ai pris un peu de temps pour me reposer et continuer à faire des photos pour mon travail personnel. Je travail également sur l’auto-production de mon premier livre. J’ai pris des portraits conceptuels de personnes qui avaient recueilli des chiens sauvés de la fourrière par ma famille. Une partie de la vente de mon livre ira à la fourrière animale de ma ville.

Je me suis lancé dans « 365 » parce que je voulais perfectionner ma photographie. J’ai vu plusieurs autres photographes réaliser un projet « 365 » et une fois achevé, j’ai pu voir l’évolution considérable que cela leur avait apporté, je voulais vivre la même chose. Je pense aussi que je voulais simplement pouvoir dire que j’avais accompli quelque chose. Avant « 365 », je n’avais jamais rien fini dans ma vie, j’avais pour habitude d’abandonner quand les choses devenaient trop difficiles, ou je m’investissais tellement dans un hobby ou un art que je devenais perfectionniste et ne voulais rien montrer qui ne corresponde à mes impossibles exigences.

Je n’ai pas pensé ce travail comme une fuite de la vie quotidienne, mais je pense que c’est ce qu’il est essentiellement devenu. J’ai toujours aimé les histoires, comme un enfant peut-être encore plus aujourd’hui. Je voulais créer et vivre à travers les histoires que je raconte dans mes photographies.
Ma vie est tellement ennuyeuse. Dans mes photographies, je suis un personnage et il y a l’excitation, le danger et toutes ces émotions qui manquent dans ma vie normale.

Aujourd’hui je ne suis pas complètement sûr où je voudrais aller avec ma photographie. J’adorerais shooter pour de grands magazines et voir mon travail présenté en galerie. Je n’ai pas nécessairement envie d’être connu. J’ai surtout envie de vivre des expériences. J’aimerais voyager, voir des choses et avoir une vie accomplie au moment où je mourrai. J’aimerais que ma vie soit une extension des photographies que j’ai faites et continuerai à faire. Je veux l’excitation, le danger et la passion qui m’ont toujours manqué. »

Alex Stoddard

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