Basée à Los Angeles, l’artiste Alex Prager, revient à Hong Kong avec ses photos et ses films au style théâtral et méticuleusement mis en scène, et expose aussi sa première sculpture. L’exposition a lieu actuellement à la galerie Lehmann Mapuin. Dans cette série récente, Prager manipule l’échelle pour brouiller la frontière entre fiction et réalité.
Ceux qui sont familiers avec le travail d’Alex Prager reconnaîtront des éléments qui rappellent des séries précédentes, comme Visage dans la foule (Face in the Crowd, 2013), où ses compositions soulignaient le contraste entre les espaces publics bondés et une héroïne solitaire. Ces derniers travaux élargissent les possibilités narratives théâtrales de ses séries antérieures. L’imagerie met à nu l’artifice de sa création, réalisée en utilisant des points de vue impossibles et artificiels, en superposant des scènes incongrues — comme une journée pluvieuse et une journée ensoleillée — et d’autres dispositifs formels qui défient le naturalisme supposé de la photographie et du cinéma.
Un de ces dispositifs formels est l’échelle – une composante majeure dans la production et l’installation de ces travaux: Prager varie les dimensions des photographies en fonction du niveau de distorsion qu’elle compte atteindre. Dans Modèle de main (Hand Model ,2017), la main tendue d’une femme est plus grande que nature, en référence à l’échelle et au recadrage souvent irréalistes des images de mode et des images publicitaires, un concept que renforce le titre. La même image de main apparaît également en miniature comme accessoire de publicité dans Chaussures-vedettes (Star Shoes 2017), et de façon inattendue, comme une sculpture émergeant du mur de la galerie dans Modèle de main (détail) (2017). Dans cette présentation multiple de la même image, le sens est transmis de deux manières radicalement différentes – sujet principal et détail trivial. Tout au long de l’exposition, Prager guide le spectateur vers une conclusion prédeterminée; elle utilise son jeu avec la proportion et la forme pour remettre en question l’hypothèse qu’une photographie représente fidèlement la réalité.
Dans ce nouveau travail, Prager utilise une approche formelle ambitieuse pour parvenir à la tension dynamique jusqu’ici créée avec des dispositifs de narration plus traditionnels. Prager efface l’idée d’une perspective omnipotente du spectateur par le biais de l’échelle, de recadrages dramatiques, de la superposition et d’arrangements hors-contexte. Elle remplace cette perspective par la prise de conscience de la nature construite de la plupart des images de la réalité qui nous entourent. Notre société contemporaine est inondée d’informations visuelles – on nous présente différentes versions de la réalité dans le cadre du marketing, des nouvelles et des médias sociaux, mais nous réfléchissons rarement à la manière dont nos pensées sont conditionnées au cours de l’acte de regarder. Le travail de Prager remet cela en question, et non seulement révèle la scène qu’elle a l’intention de présenter, mais rend le spectateur conscient des processus psychologiques qui forment ses propres observations.
Alex Prager
Du 18 janvier au 17 mars 2018
Galerie Lehmann Mapuin
407 Pedder Building
12 rue Pedder
Hong Kong, Chine
www.lehmannmaupin.com