Pour sa première collaboration avec l’« artiste reporter photographe » français Alain Bizos, la galerie Polka présente une exposition pop up irrévérencieuse intitulée « Politiquement incorrect ».
Alain Bizos a partagé sa carrière entre Libération et l’agence VU’, le groupe de graphistes Bazooka ou encore Actuel, le mensuel « Nouveau et intéressant» et a ainsi positionné son œuvre sur un fil tendu entre les champs de l’art et de l’information. Il revendique depuis les années 70 un art activiste et engagé avec comme armes l’humour et la dérision.
En 1969, tout juste diplômé des Beaux Arts, il se retrouve au cœur de l’avant-garde new-yorkaise lorsqu’il devient l’assistant d’Arman. Il participe au renouveau de la photographie conceptuelle en utilisant la photographie comme support de ses propositions, principalement au travers de séquences telles que ses « Vols qualifiés » : le visiteur suit le vol à l’étalage commis par l’artiste. L’objet volé (jeu de criquet, spot électrique, valise) est ensuite exposé et accompagné d’un certificat attestant que « toute personne détentrice de cette œuvre est considérée comme receleur aux yeux de la loi. » Bizos interroge : l’œuvre d’art est-elle une marchandise comme une autre ?
L’artiste implique aussi ses galeristes, ses collectionneurs – receleurs directs – et plus largement le spectateur, complice tacite de l’acte délictueux.
Ce n’est pas un hasard si l’artiste-activiste croise le chemin en 1979 de « l’ennemi public n°1 » Jacques Mesrine, avec lequel il réalise des séquences photos passées à la postérité, publiées à l’époque par Paris Match.
Bizos se met d’ailleurs lui-même en scène dans des avis de recherche volés dans les bureaux de poste new-yorkais à travers la série « Wanted ».
« Politiquement incorrect » fera également la part belle à des pièces plus récentes de l’œuvre de Bizos telles que la séquence « Bye-Bye Mao », exposée en 2018 aux Rencontres d’Arles dans l’exposition « 100 portraits » de la collection d’Antoine de Galbert, ou encore la pièce monumentale « Marianne-colère ».
Les travaux de Bizos dressent le portrait d’une œuvre personnelle à forte teneur politique, hétérogène et originale mais aussi férocement drôle.
Alain Bizos, né à Paris, étudiant à l’école nationale supérieure des Beaux-arts, section peinture et à l’école du Louvre en histoire de l’art. C’est en 1969 à la suite de sa rencontre avec le plasticien Arman dont il devient l’assistant qu’il s’installe à New-York. Il réalise alors des séquences photographiques conceptuelles, comme « Espaces interdits » ou « Vols qualifiés » qu’il montre, à la Green Street Gallery à New-York en 1970, et à la galerie Ferrero à Nice en 1972, ses premières expositions personnelles. Faisant de fréquents aller-retours entre New-York et la France, il participe en 1973 à la création du quotidien Libération, se lie avec le groupe de jeunes graphistes Bazooka et en 1977 il est directeur de publication du mensuel « Un regard moderne ». En 1979, c’est à la demande de Jean-François Bizot, qu’il revient en France pour participer comme « artiste-reporter-photographe » au lancement d’Actuel, le mensuel « Nouveau et intéressant». Ses portraits décalés et ses reportages sous forme de «récits photo» marquent l’identité visuelle du mensuel par son traitement original de la couleur et du cadrage. En 1986, Christian Caujolle alors responsable du service photo de Libération, lui demande de le rejoindre lors de la création de l’Agence Vu’. En 2015, Alain Bizos quitte l’Agence Vu’ et c’est en indépendant qu’il continue son travail d’auteur photographe.
Ses images font partie de collections importantes : du Musée d’Art Contemporain de Hartford- Connecticut (U.S.A) à la collection Sylvio Perlstein, en passant par la collection de la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain, le Fonds National pour l’Art Contemporain, la Maison Rouge à Paris, et de nombreuses collections privées.
Alain Bizos : Politiquement Incorrect
15-25 janvier 2020
Polka Galerie
Cour de Venise
12, rue Saint-Gilles, 75003 Paris