Je vous propose quelques photographies de la créatrice angolaise Lola Keyezua que j’ai découverte à la galerie Movart [Luanda en Angola et Lisbonne au Portugal], dans le cadre du salon Akaa 2021. Depuis quelques années, les créateurs africains reviennent sur le devant de la scène internationale avec beaucoup de fraîcheur et d’imagination, beaucoup d’humour et de dérision. Dans le domaine de la photographie, les femmes se taillent une place de premier plan avec un vrai travail technique, tant sur le fond que sur la forme, pour faire aboutir de vraies conceptions de l’esprit qui n’ont rien à voir avec les quelques fumisteries qui sont souvent encouragées à des fins uniquement mercantiles.
Parmi le petit cénacle qui prend forme à côté de Gosette Lubondo et d’Etoundi Essamba se trouve la jeune Lola Keyezua. Si sa maîtrise photographique est un peu moins aboutie que ses prestigieuses consœurs, Lola arrive à travers ses œuvres à tisser un lien unique et singulier avec ses lecteurs [Fortia en 2017 et The Great Mamaaan 2020]. Chacune de ses séries contient plusieurs contes où chaque image est, elle-même, une histoire qui s’imbrique dans la multitude de contes à découvrir à l’intérieur de chaque série. Plus qu’un imbroglio, chaque série est une mosaïque de poupées russes interchangeables qui nous racontent.
Les provocations sont permanentes et totalement interdépendantes dans sa composition, son contraste, sa netteté. L’image n’est pas encore parfaite ; mais, elle hypnotise déjà et engendre le tournis des grandes histoires.
Une allégorie en image dans la plus pure tradition orale et exceptionnelle de ce continent.
Thierry Maindrault
